Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/90

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s’agit ici servit toute sa vie avec beaucoup de valeur, et s’attacha fort au maréchal de Villeroy, qui lui fit donner un brevet de colonel de dragons en 1704. Il épousa, en 1695, une fille de Rolland, fermier général, manière d’aventurière aussi et grande danseuse. En 1717, il s’avisa de vouloir être légitime, et demanda, par un placet au roi et au régent, que les enregistrements de ses lettres de légitimation, obtenues par son père, fussent rayés. On se moqua de lui. C’étoit un bon garçon, sans cervelle, uniquement propre à un coup de main. Il n’eut que deux filles. Je ne sais ce que tout cela est devenu depuis la fin de l’affaire qui me fait parler de lui.

Le même jour, les députés du parlement vinrent au Palais-Royal demander la liberté du président Blamont. Le régent leur répondit qu’il avoit fait arrêter l’ambassadeur d’Espagne pour une conspiration, qu’il le renvoyoit à Madrid, et qu’il en demandoit justice au roi d’Espagne, qu’il vouloit être éclairci sur ceux qui y étoient entrés, et que, pour le présent, il ne pouvoit répondre à ce qu’ils demandoient. Le moment de cette députation fut trouvé mal choisi.

D’Aydie, veuf de la sœur de Rion, et de même nom que lui, et qui logeoit à Luxembourg, disparut. Un abbé Brigault, fort dans le bas étage, qui étoit en fuite, fut pris à Nemours et conduit à la Bastille. Magny, introducteur des ambassadeurs, prit aussi la fuite. Sa charge fut donnée à vendre à Foucault, son père, conseiller d’État, chef du conseil de Madame. On a vu ailleurs que ce Magny n’étoit qu’un misérable fou. Ces trois hommes n’étoient pas pour fortifier beaucoup un parti. À la naissance près d’Aydie, on ne comprenoit pas ce qu’un parti en pouvoit faire.

Le mardi 13 décembre, jour que tous les ministres étrangers alloient au Palais-Royal, et qui étoit le premier mardi d’après la détention de Cellamare, ils y furent tous, ambassadeurs et autres. Aucun ne fit de plaintes de ce qui étoit arrivé ; on leur donna à tous la copie des deux lettres qui avoient été lues au conseil. L’après-dînée, on fit monter