côtés. Je ne voulois pas avouer, non plus que les précédentes fois, que la place de gouverneur du roi m’avoit été offerte ; je ne crus pas aussi devoir, comme la dernière fois, rassurer le maréchal de Villeroy, qui payoit si mal le service si essentiel que je lui avois rendu, et dont la basse jalousie allumoit l’ingratitude. Je pris le parti de mépriser ses discours, comme je faisois de tout temps sa personne, mais sans me lâcher sur lui en rien. Je me contentai d’en hausser les épaules et de traiter de radotage ce qu’on m’en contoit. Je n’avois jamais eu de commerce avec lui que de rare et légère bienséance pendant et depuis le dernier règne, excepté les derniers temps de la vie du feu roi, qu’on a vu en son lieu qu’il se jeta à moi pour essayer de me pomper avec une importunité extrême. J’allois peu chez le roi, dont l’âge ne comportoit pas l’assiduité du mien, et où encore je ne le rencontrois presque point, tellement que je ne le voyois qu’au conseil, où nous ne nous abordions guère, au plus que des moments, et où il étoit difficile, par l’ordre de la séance, que nous nous trouvassions l’un auprès de l’autre ; je n’eus donc rien à changer dans ma conduite à son égard, et je me contentai de piquer de plus en plus, par mon parfoit silence, son orgueil et sa vanité blessée.
CHAPITRE VI.