Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/277

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le désir de rendre la future princesse des Asturies heureuse. À la fin de l’audience, je présentai à Leurs Majestés Catholiques le comte de Lorges, le comte de Céreste, mon second fils, l’abbé de Saint-Simon, et son frère. Je reçus force marques de bonté du roi et de la reine dans cette audience, qui me parut fort sèche pour Maulevrier. Ils me demandèrent fort des nouvelles de mon fils aîné, et dirent quelques mots de bonté à ceux que je venois de leur présenter. Nous fûmes de là chez l’infante, où je fus reçu comme Grimaldo et moi en étions convenus. Nous descendîmes ensuite chez le prince des Asturies, à qui je présentai les lettres du roi et de M. le duc d’Orléans, puis à la fin les mêmes personnes que j’avois présentées au roi et à la reine. Les propos furent à peu près les mêmes, et avec beaucoup de grâce et de politesse. Je me conformai à l’usage et le traitai toujours de Monseigneur et de Votre Altesse, sans y rien ajouter. J’en usai de même avec les infants.

Au sortir de là nous passâmes dans la cavachuela [1] du marquis de Grimaldo. J’expliquerai ailleurs ce que c’est. Il nous dit que le roi d’Espagne avoit consenti à signer lui-même le contrat et la reine ; mais don Joseph Rodrigo qui, comme secrétaire d’État intérieur, devoit l’expédier, et qui ne parloit et n’entendoit pas un mot de françois, ni à ce qu’il me parut d’affaires, proposa qu’il y eût des témoins, et je compris que Grimaldo, qui s’attendoit à notre visite pour la réponse à la difficulté sur la signature, l’avoit aposté là exprès pour se décharger sur lui de la proposition de cette nouvelle difficulté. Je répondis que nous n’avions point d’ordre là-dessus ; qu’on ne connoissoit point cette formalité en France, et que tout récemment le roi et tous ceux du sang avoient signé le contrat de la duchesse de Modène d’une part, et d’autre part le seul plénipotentiaire de Modène

  1. Saint-Simon écrit toujours cavachuela, au lieu de covachuela, mot qui signifie bureau d’un ministère. On appelle en espagnol covachuelista un employé des ministères.