Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/284

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servir Laullez, parce que je reconnoissois à tout moment qu’il n’avoit rien oublié pour me rendre agréable. Je vis, à la façon dont cela fut reçu, qu’on étoit content de lui à la cour d’Espagne. J’en rafraîchis la mémoire à Grimaldo en sortant du cabinet de la signature. En effet, il écrivit de la part et par ordre du roi d’Espagne, à Laullez, avec assurance des premières grâces qu’il seroit possible de lui faire, et Grimaldo me promit de fort bonne grâce d’y tenir très soigneusement la main.




CHAPITRE XIII.


Audience solennelle pour la demande de l’infante en mariage futur pour le roi. — Audience de la reine d’Espagne. — Audience du prince des Asturies et des infants. — Bêtise de Maulevrier, qui ne se couvrit point. — Conduite énorme de Maulevrier avec moi, bien pourpensée et bien exécutée jusqu’au bout, pour me jeter dans le plus Fâcheux embarras sur les raisonnements du contrat de mariage, de guet-apens, en pleine cérémonie de la signature. — Ma conduite pour y précéder, comme je fis, le nonce et le majordome-major du roi, sans les blesser. — Signature solennelle du contrat du futur mariage du roi et de l’infante. — Le prince des Asturies cède partout à l’infante depuis la déclaration de son futur mariage avec le roi. — Je me maintiens adroitement en la place que j’avois prise. — Difficulté poliment agitée sur la nécessité ou non d’un instrument en françois. — Maulevrier forcé de laisser voir toute sa scélératesse, de laquelle je me tire avec tout avantage, sans montrer la sentir. — Autre honte à Maulevrier chez Grimaldo. — Politesse de ce ministre. — Facilité pleine de bonté du roi d’Espagne. — Ma conduite égale avec Maulevrier, et mes raisons pour cette conduite. — Bonté de Leurs Majestés Catholiques. — Conclusion de mon désistement d’un instrument en françois.


Le mardi 25 novembre, j’eus mon audience solennelle. Maulevrier, qui, pour son caractère d’ambassadeur, ne s’étoit