Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/462

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de Portocarrero. Son fils fut seigneur de Montijo, et le fils de celui-là en fut fait comte par Charles II, en 1697. C’est le cinquième comte de Montijo que j’ai vu en Espagne. Il étoit fort jeune et fort bien fait, et avoit déjà la Toison d’or. Son père avoit été fait grand d’Espagne par Charles II, et avoit laissé son fils enfant qui fut marié de fort bonne heure, servit dès qu’il le put dans la fin de la guerre, s’incommoda, et eut le bon sens de se retirer avec sa femme dans ses terres pour raccommoder ses affaires. Il y avoit déjà longtemps qu’il vivoit dans cette retraite, qui n’étoit pas fort loin de Lerma, lorsqu’il y parut au mariage du prince des Asturies. Il y fut très bien reçu du roi, et de la reine qui avoit pris de la bonté pour lui. Cette retraite lui avoit fait honneur ; et il avoit montré de la valeur à la guerre. Toute la cour marqua de la joie et de l’empressement de le voir. Il retourna chez lui de Lerma, et ne vint à Madrid que peu avant mon départ où il fut très bien reçu de tout le monde, et où je le vis assez. Il me parut de l’esprit, instruit, sage et beaucoup de politesse et d’envie de faire. C’est lui qui longtemps depuis fut ambassadeur en Angleterre et à Francfort, pour l’élection de l’empereur, électeur de Bavière. Il se plaignit fort de mon absence à la Ferté dans ses courts passages à Paris. Il fut grand écuyer de la reine après Cellamare, et son majordome-major après Santa-Cruz, ce qui enfin lui a procuré l’ordre du Saint-Esprit.

Oñate, Velez de Guevara. Terre en Biscaye, est possédée depuis plusieurs siècles par l’ancienne maison Velez de Guevara, illustre par ses possessions, ses alliances et ses emplois. Henri IV, roi de Castille, fit en 1449, Inigo Velez de Guevara comte d’Oñate, dans la postérité masculine duquel elle s’est toujours conservée de père en fils ou deux seules fois par des héritières qui ont épousé de leurs parents du même nom, armes et maison qu’elles. Le huitième comte d’Oñate, dont la grand’mère étoit Tassis ou Taxis, succéda à l’utile charge héréditaire de grand maître des postes d’Espagne et au comté