Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 19.djvu/182

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faite, il marcha par lui-même et je ne m’en mêlai plus. Il mangeoit très souvent chez moi ; j’en fus quitte pour des civilités et pour prendre pour bon le peu qu’il s’avisoit quelquefois de me dire, ce qui n’alloit à rien, et sans m’entremettre de la moindre chose. Il ne trouva pas mieux son compte avec Grimaldo sur l’indult que sur le passage. Ce ministre se moqua bien avec moi de cette vision du duc de Parme, et n’en rit pas moins qu’avoit fait le P. Daubenton. Chavigny échoua donc sur l’affaire de l’indult et sur celle du passage de don Carlos en Italie. Il demeura néanmoins deux mois après moi à Madrid, soit que la cabale italienne l’y retînt dans l’espérance de faire enfin goûter ce projet à la reine, ou que le cardinal Dubois l’eût chargé de choses qui passoient Maulevrier, et qui ne sont point venues à ma connoissance, mais dont il n’a résulté aucun effet qui ait été aperçu.




CHAPITRE VII.


Le duc de Bournonville, nommé à l’ambassade de France, en est exclus. — Je tente en vain d’obtenir la restitution de l’honneur des bonnes grâces de Leurs Majestés Catholiques au duc de Berwick. — Je tente en vain d’obtenir la grandesse pour le duc de Saint-Aignan. — Conduite étrange de la princesse des Asturies à l’égard de Leurs Majestés Catholiques. — Bal de l’intérieur du palais. — La Pérégrine, perle incomparable. — Illuminations ; feux d’artifice admirables. — Leurs Majestés Catholiques en cérémonie à l’Atoche. — Raison qui me fait abstenir d’y aller. — Fête de la course des flambeaux. — Fête d’un combat naval.


Une autre affaire m’occupoit en même temps. On avoit su avant mon départ de Paris que le duc de Bournonville briguoit fort à Madrid l’ambassade de France, dont Laullez avoit