Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 19.djvu/188

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d’eux ; qu’à mon égard, après cet avis, il n’avoit rien à me dire, mais que je pouvois me régler là-dessus. Ce début me parut fâcheux. J’avois espéré de l’amitié de Grimaldo pour le père et le fils qu’il me frayeroit un chemin que je n’aurois qu’à suivre. Son refus me le fit voir bien plus difficile que je ne m’y étois attendu. Je nie tournai vers le P. Daubenton sans lui parler de ma tentative. Mais j’eus beau lui parler conscience et son caractère de confesseur, il me fit toutes les protestations possibles pour le duc de Berwick et même pour le duc de Liria, me dit que c’étoit une affaire en quelque sorte d’État dans laquelle il ne devoit point entrer de lui-même ; m’en laissa entendre toute la difficulté, et me renvoya à Grimaldo, à qui aussi je me gardai bien de dire que j’en eusse parlé au confesseur, et que j’en avois été éconduit. Je lui dis seulement que réflexion faite je ne pouvois manquer à des ordres si précis ; que je ne pouvois m’imaginer que Leurs Majestés Catholiques me pussent savoir mauvais gré de les exécuter ; que je m’en acquitterois avec tout le respect, les mesures et l’attention à ne les point blesser que j’y pourrois mettre, qu’au pis aller, si je ne réussissois pas, j’aurois fait ce que je devois, et évité de me faire une affaire de l’inexécution d’ordres si précis et réitérés. Dans cet esprit, je demandai une audience. Je dis à Leurs Majestés Catholiques que j’avois à m’acquitter auprès d’elles d’un ordre de bouche avant mon départ, et réitéré très fortement depuis ; que ce dont il s’agissoit étoit une grâce que le roi et M. le duc d’Orléans avoient extrêmement à cœur d’obtenir de Leurs Majestés ; qu’ils la leur demandoient avec toute la confiance qu’ils devoient prendre non seulement en leur générosité, mais encore en leur piété ; que néanmoins Sa Majesté et Son Altesse Royale en prenoient encore une nouvelle de ce moment de réunion aussi parfaite et aussi intime de Leurs Majestés avec elles ; et que Leurs Majestés se pouvoient assurer d’une reconnoissance parfaite si elles en obtenoient ce dont Sa Majesté et