Venons maintenant aux conseils que je trouvai, et que je laissai dans un grand délabrement, pour ce qui regardoit les conseils particuliers.
Le marquis de Miraval étoit gouverneur du conseil de Castille. C’étoit un homme de médiocre naissance, qui avoit été ambassadeur d’Espagne en Hollande, et qui en fut rappelé pour occuper cette grande place dont il n’étoit pas incapable. Il étoit doux, poli, accessible, équitable. Son esprit toutefois n’étoit pas transcendant, et son inclination étoit autrichienne. La cabale italienne, à laquelle il étoit étroitement lié, l’avoit porté par la reine à cette grande place. C’étoit un grand homme, fort bien fait, qui avoit l’attention polie de n’aller presque jamais en carrosse que ses rideaux à demi tirés pour ne faire arrêter personne.
Don François Camargo, ancien évêque de Pampelune, étoit inquisiteur général ou grand inquisiteur. Je n’ai jamais vu homme si maigre ni de visage si affilé. Il ne manquoit point d’esprit ; il étoit doux et modeste. On eût beaucoup gagné que l’inquisition eût été comme lui.
Le comte de Campoflorido étoit président du conseil des finances, où il ne faisoit rien depuis longtemps ; une longue maladie le conduisit au tombeau, depuis mon arrivée en Espagne :