Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 19.djvu/347

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de Villeroy. — Le roi un peu apaisé par le retour si prochain de l’évêque de Fréjus. — Mesures à prendre avec cet évêque, et prises en effet. — Le duc de Charost déclaré gouverneur. — Désespoir du maréchal de Villeroy. — Il dévoile la cause de la fuite de Fréjus, dont cet évêque se tire fort mal. — Sa joie et ses espérances fondées sur l’éloignement du maréchal. — Maréchal de Villeroy exilé à Lyon, mais avec ses fonctions de gouverneur de la ville et de la province. — Crayon léger de ce maréchal. — Le roi tout consolé du maréchal de Villeroy. — Art et ambition de la conduite de Fréjus. — Confirmation et première communion du roi. — Cardinal Dubois, sans plus d’obstacle, tout occupé de se faire brusquement déclarer premier ministre, emploie Belle-Ile pour m’en parler. — Conversation singulière entre M. le duc d’Orléans et moi sur faire un premier ministre, dont je ne suis point d’avis. — Ennui du régent le porte à faire un premier ministre ; à quoi je m’oppose. — Comparaison du feu prince de Conti, gendre du dernier M. le Prince. — Aveu sincère de M. le duc d’Orléans. — Considérations futures. — Cardinal Dubois bien connu de son maître. — Faiblesse incroyable du régent. — Belle-Ile resté en embuscade. — Réponse que je lui fais.


Le dimanche 12 août, M. le duc d’Orléans alla sur la fin de l’après-dînée travailler avec le roi, comme il avoit accoutumé de faire plusieurs jours marqués de chaque semaine, et, comme c’étoit l’été, au retour de sa promenade, qui étoit toujours de bonne heure. Ce travail étoit de montrer au roi la distribution d’emplois vacants, de bénéfices, de certaines magistratures, d’intendances, de récompenses de toute nature, et de lui expliquer en peu de mots les raisons des choix et des préférences, quelquefois des distributions de finances ; enfin les premières nouvelles étrangères, quand il y en avoit à sa portée, avant qu’elles devinssent publiques. À la fin de ce travail, où le maréchal de Villeroy assistoit toujours, et où quelquefois M. de Fréjus se hasardoit de rester, M. le duc d’Orléans supplia le roi de vouloir bien passer dans un petit arrière-cabinet, où il avoit un mot à lui dire tête à tête. Le maréchal de Villeroy s’y opposa à l’instant. NI. le duc d’Orléans, qui lui tendoit le piège, l’y vit donner en plein avec satisfaction. Il lui représenta avec