Page:Saint-Victor - Tableau historique et pittoresque de Paris, 1827, T4 P1.djvu/20

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Ainsi, tout étant abattu aux pieds de Louis XIV, on conçoit ce qu’il étoit possible de faire au milieu d’un vaste empire, si puissant par sa population, si riche par son territoire, et où, pour la première fois depuis l’origine de la monarchie, il n’y avoit plus qu’une seule action et une seule volonté. Aussi ce qu’opéra ce même Colbert dans l’espace de quelques années, en déployant sans obstacle ce qu’il avoit d’habileté et de vigilance, passa-t-il ce que l’imagination auroit osé concevoir, et à un tel point, que l’admiration et la faveur publique succédèrent à cette haine qu’il avoit d’abord justement méritée. La France n’avoit plus de marine : il en créa une comme par enchantement, et bientôt les flottes du roi couvrirent l’Océan d’où elles avoient depuis long-temps disparu ; sous leur protection, le commerce extérieur, presque anéanti, se ranima, et des compagnies de négociants, instituées et favorisées par le ministre, lui donnèrent les accroissements les plus rapides, et le firent fleurir à l’Orient et à l’Occident. Alors fut commencée l’entreprise hardie d’un canal qui devoit joindre les deux mers[1] ; des manufactures s’organisèrent de toutes parts dans l’intérieur, et ne tardèrent point à rendre l’étranger tributaire de nos arts industriels ; les sciences et les beaux

1 Le canal du Languedoc.