Page:Sainte-Beuve - Causeries du lundi, IV, 1852.djvu/260

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Lundi li juillet 1851. MARIE-ANTOINETTE. (notice du comte de la marck.) Parmi les écrits qui peuvent donner une juste idée de la reine Marie-Antoinette et de son caractère aux années de sa prospé- rité et de sa jeunesse, je n’en sais pas qui porte mieux la con- viction dans l’esprit du lecteur que la simple Notice du comte de La Marck, insérée par M. de Bacourt dans l’Introduction de l’ouvrage récemment publié sur Mirabeau. Le comte de La Marck dessine l’intérieur de la reine en quelques pages d’une observation très-nette. On y voit une Marie-Antoinette réelle et naturelle, non exagérée. On y pressent les fautes auxquelles ses alentours ne manqueront pas de la pousser, celles qu’on lui prêtera, et les armes qu’elle va fournir, sans y songer, à la malignité. On regrette qu’un observateur aussi impartial et aussi supérieur n’ait pas tracé un pareil portrait de la reine aux divers moments de son existence, jusqu’à l’heure où elle devient une grande victime et où ses hautes qualités de cœur éclatent assez pour frapper et intéresser tout ce qui est hu- main. Il est une manière d’envisager Marie-Antoinette qui me pa- rait la vraie, et que je voudrais bien définir, parce que c’est de ce côté que me parait devoir être aussi le jugement définitif de rhistoire. On peut , dans un sentiment élevé de compassion,