Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1921.djvu/224

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Hervé, certes, aimait Christel : l’aimait-il de véritable amour, c’est-à-dire de ce qui n’est ni voulu ni motivé, de ce qui n’est ni la reconnaissance, ni la compassion, ni même l’appréciation profonde, raisonnée et sentie de tous les mérites et de toutes les grâces ? Car l’amour en soi n’est rien de tout cela, et, en de certains moment étranges, il s’en passerait. Je n’ose affirmer tout à fait pour Hervé ; mais il l’aimait avec tendresse, il la chérissait plus qu’une sœur ; et il est certain que, dès le second jour de cette intimité, il agita de naturels, de délicats et loyaux projets. Mieux il connut madame M… et ses origines, et moins il prévit d’obstacles insurmontables à ses désirs dans sa propre famille à lui. Bien des fois déjà les propositions d’avenir avaient erré sur ses