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LETTRES


LXXX


Ce 1er  juillet 1864.
Princesse,

Je le relis, grâce à vous et à votre aimable attention. Il est frappé, chaque mot porte, il n’y en a pas un de trop, mais non plus pas un de moins : c’est parfait. — Je le mets dans mon tiroir, tout au fond, à côté d’un autre portrait aussi aimable que celui-ci est sanglant. Il faut cacher ces choses et ne pas trop entrouvrir ni tiroir ni fenêtre, car elles sont si jolies, qu’elles prendraient aussitôt des ailes. Il m’est évident que vous avez deux crayons : vous devez user quelquefois de celui-ci comme de l’autre, et alterner en peignant, en racontant. Quand la verve prend, quand l’envie vient, sous cette forme comme sous l’autre, il faut y céder. J’espère que vous n’avez pas abandonné l’idée de jeter sur le papier ce que vous savez, surtout aux environs d’une certaine époque tout historique : ne négligez pas ce soin ; de temps en temps une page de plus,