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LETTRES

une vaste idée, une idée continue du génie et de la force complexe de son héros. Il a facilité l’étude, l’intelligence. Après l’avoir lu, on était tout préparé à lire la Correspondance, cette grande source directe, qui a fait sentir les tiédeurs de l’historien et a donné la mesure exacte de son délayage. Mais, en attendant, le service était rendu, et quantité d’esprits rétifs, prévenus, qui croyaient d’abord à un génie pareil à un volcan ou à un tonnerre et procédant par éruptions et par éclairs, s’étaient insensiblement guéris de leur idée incomplète et s’étaient accoutumés à saisir l’ensemble de cette pensée et l’unité souveraine de son développement : ils avaient fait en cela plus de chemin que l’historien lui-même, mais celui-ci les avait aidés à le dépasser.

Je ne sais si j’exprime bien ma pensée, Princesse ; elle n’est pas autre, et les critiques que vous exprimiez si vivement et que vous avez droit d’élever mieux que personne, sont devenues sensibles à tous et se justifient de jour en jour, à mesure qu’on peut lire les pièces si originales que l’historien a eues entre les mains, et dont