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À LA PRINCESSE

j’ai beaucoup pensé mercredi : je ne me suis pas trouvé, à moi, les trois heures nécessaires pour le petit voyage de la rue de Courcelles. La durée même et la fixité de mon état sont le contraire d’un mieux.

Je n’étais pas hier à l’Académie. Si je voulais mourir sur un champ de bataille, je vous avoue que j’en choisirais un autre. Je suis avec une certaine anxiété ces choses qui m’ont l’air de s’enchaîner comme fatalement et qui sont peut-être prévues et préparées par une volonté taciturne. Que veut-on au fond et que sortira-t-il de là ? — La beauté du soleil, — le printemps dans toute sa fleur et son honneur, l’émulation des arts qui s’étalent de tous côtés à qui mieux mieux et rivalisent, semblent vouloir la paix, la confiance et appeler la joie… Et pourtant… — J’ai tout le temps de rêver et de réfléchir, et je réfléchis trop.

Daignez agréer, Princesse, l’assurance de mon tendre et inviolable attachement.