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À LA PRINCESSE

vue des choses : j’assiste, je ne vis pas[1].

J’ai vu les Goncourt à leur retour de Saint-Gratien : mieux de santé, bien d’esprit et d’entrain. Ce petit ruban, qui plaît apparemment quand on est encore jeune, leur viendra-t-il à temps et non dédoublé ? Votre bonne grâce y pense, mais ailleurs il y a si peu de bonne grâce !

L… l’aura à coup sûr ; il est à la source, il le désire, il rend depuis quelque temps des services agréables par sa plume ; je ne vois pas pour lui de chance de manquer cette gloriole qui, dans le cabinet d’un ministre, est de tenue et de rigueur.

J’aurais aimé à entendre M. Benedetti, même muet sur les choses d’État ; mais il y a tant d’accessoires intéressants sur les hommes et les choses ! Et il voit si bien, il dit si net !

On m’a dit que le jeune et beau Giraud[2] était revenu attristé et non tout à fait guéri ; qu’en est-il ?

  1. C’est le mot d’une lettre de Ducis à Bernardin de Saint-Pierre : « Je ne vis pas, j’assiste. »
  2. Fils et neveu des peintres de ce nom.