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À LA PRINCESSE


CCXLV

27 mai 1868.
Princesse,

Je venais hier d’envoyer une lettre lorsque j’ai reçu la vôtre. Je suis un peu mieux, — pas tout à fait bien encore. — Je félicite les voyageurs, les deux pigeons revenus au gîte après une volée si splendide en deux coups d’aile : voilà notre progrès, cela ne s’est vu que de nos jours.

Il y a, par suite de ces misérables dénonciations et de ces séances prolongées du Sénat qui ont soufflé le feu, une indicible émotion chez les étudiants en médecine : ils sont venus hier chez moi au nombre de deux cents environ[1]. Ces

  1. On a noté, dans le moment même, les paroles que M. Sainte-Beuve adressa, dans son jardin, à ces jeunes gens, auxquels on avait immédiatement ouvert la porte de la maison, afin d’éviter toute collision possible au dehors : « Messieurs, ancien élève, trop faible élève de l’École de médecine, mais fidèle et reconnaissant, rien ne pouvait m’être plus sensible qu’une démarche comme la vôtre. Il y a longtemps que