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À LA PRINCESSE

je n’ai jamais fait d’article sur l’Histoire de César, n’imitant point en cela M. de … et M… ?

» Quant aux convictions religieuses, vous-même, princesse, m’avez plus d’une fois mis sur ce sujet, quand j’ai eu l’honneur de vous rencontrer. Et je puis dire qu’à la crudité avec laquelle vous vous exprimiez, il n’eût tenu qu’à moi de vous juger beaucoup plus irréligieuse que je ne demanderais jamais à une femme de le paraître.

» Ma vie privée a un avantage ; si elle a ses faiblesses, elle est naturelle et au grand jour. Or, l’histoire des trois femmes à domicile est une légende vraiment herculéenne, et dont je n’ai pas à me vanter. De tout temps, ç’a été faux et archifaux, comme le savent tous les amis qui m’ont visité, même en mes beaux jours.

» Ce qui me choque peut-être le plus dans ce passage si indigne de votre plume, c’est le mot que vous me prêtez. Quoi ! j’aurais dit qu’un homme sans éducation est une fleur des champs, tandis que, moi, je suis une fleur de serre ! Non, non, croyez-le bien, princesse, je n’ai jamais pu dire ni penser qu’un homme fût une fleur. Je réserve ces images pour un sexe différent.

» Veuillez agréer, princesse, l’hommage définitif d’un respect qui n’aura plus lieu de s’exprimer.

» sainte-beuve. »