Page:Sainte-Beuve - Nouveaux lundis, tome 1.djvu/259

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turellement par la mort, par l’impression d’une perte soudaine et sensible, et parce que, tous deux, ils sont tombés entre les bras de leurs amis qui sont tout un parti et tout un corps, — le corps universitaire, le parti religieux.

Maintenant qu’on est à une juste distance de ces tombes prématurément ouvertes, je voudrais, pour Iligault du moins, examiner avec équité et impartialité les titres de l’écrivain, du littérateur, et, tout en m’en rapportant à ses amis sur bien des choses disparues qu’ils savent à son sujet mieux que moi, ne m’en rapporter qu’à moi-même sur ce que je lis et sur ce que je puis juger comme tout le monde. Né en 1821, mort en 1858, dans sa trente-huitième année, nulle vie ne fut plus remplie que la sienne, et sans diversion aucune, par l’étude, par les lettres, par la culture continuelle de ‘l’esprit, culture dans le cabinet, culture dans le monde etjusque dans les distractions apparentes, et aussi par les soins et les devoirs domestiques. ‘le ne crois pas que si l’Université moderne avait eu à produire un échantillon d’elle-même, elle eût pu choisir un plus parfait modèle entre les élèves dont elle s’honore ; car il n’était pas comme d’autres également brillants, mais infidèles : il n’aspirait pas à en sortir.

Élève du collége de Versailles, dont M. Théry était alorsjproviseur, il excellait à tous les exercices scolaires ; il était accoutumé à être le premier en toute Faculté. Il le fut au Concours général pour le discours latinde rhétorique, et remporta le prix dhonneur en