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son instruction, très-réelle et estimable quand elle se tenait dans le domaine historique, ne servit guère à lui afiiner le goût. Les autres auteurs remarqués pour leurs jugements ou leurs comptes rendus de Salons, M. Guizot, M. ’l’hiers, Stendhal, — Jal, expression de l’opinion moyenne, — avaient pu se rencontrer souvent et causer ‘avec des artistes, mais à la ne Vétaient pas eux-mêmes. Ce ne fut guère qu’après 1830 que la critique d’art acquit, avecnun développement croissant, un plus haut degré de précision et de compétence en chaque branche spéciale. Les juges, a force d’examiner et de voir de près, achevèrent de se former. Et ceux qui y apportaient une philosophie élevée de l’art comme Vitet, e. ceux qui y introduisaient une psychologie ingénieuse comme Peisse, ne cessaient de voir et de comparer. Charles Lenormant mériterait d’être cité aussi à côté d’eux, s’il avait eu autant de goût que d’avidité de savoir et de zèle. Uétroite union qui existait dans le groupe romantique entre les poëtes et les peintres tourna vite au profit de la critique qui dès lors se fit de plus en plus en parfaite connaissance des procédés de Fatelier. Chez Gustave Planche, la morgue habituelle compromettait trop souvent le bon sens ; chez d’autres moins hautains, l’étude constante venait à l’appui de la finesse des aperçus et donnait toute valeur à la sagacité des analyses : les Paul Mantz, les Chennevières se sont formés de la sorte. Une publication à la fois spéciale et répandue, VArtiste, sous la direction d’Arsène Houssaye, conviait les jeunes plumes et préparait le goût de plus d’un expert. La Gazettedes