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DE JOSEPH DELORME.

Qu’elle a l’aride ennui, le désert de l’absence ;
Que ton amour si tendre en sa munificence,
Notre amour immortel, pourtant bientôt voilé,
Bientôt veuf du plaisir et de l’âge envolé,
Devra survivre enfin, meilleur en sa disgrâce,
Au sourire, à l’accent qu’on aime,… à ce qui passe !

Et voilà qu’au tournant du trajet tortueux
Je regarde, et mon œil a reconquis les cieux,
Les magnifiques cieux et leur splendide arène,
L’étoile au front des tours, la Seine souveraine,
La brume à l’horizon, signal des belles nuits,
Et la foule épandue avec ses mille bruits,
Et qui fait ressembler Paris, en ces soirées,
À Naples bourdonnant sur ses plages sacrées.


XX


Je ne connais plus la colline,
La colline ni le vallon,
Plaine lointaine ni voisine,
Boulevard monotone et long ;

Je ne sais plus herbe ni chêne,
Odeur des bois, brise du soir,
Tant l’amour heureux qui m’enchaîne
M’enchaîne à la ville sans voir !