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PENSÉES D’AOÛT.

Quelque sentimentale et bonne mélodie,
Paroles de Sedaine, autrefois applaudie
Des mères, que chantait la sienne au clavecin.
Comle Jean-Jacque aussi, dont il sait Le Devin.
Il copie, et par là dégrève un peu sa dette,
Chaque heure d’un denier. Son équité discrète
A taxé ce travail de ses soirs, mais si bas,
Que, s’il fallait offrir, on ne l’oserait pas.
Au de la sa pudeur est sourde à rien entendre ;
Et quand l’ingrat travail a quelque page tendre,
Agréable, on dirait qu’en recevant son dû
Il se croit trop payé du charme inattendu.
— Hier ses chefs le marquaient pour avancer en place ;
Il se fait moins capable, empressé qu’on l’efface.

Ô vous, qui vous portez, entre tous, gens de cœur ;
Qui l’êtes, — non pas seuls, — et qui, d’un air vainqueur,
Écraseriez Doudun et cette élite obscure,
Leur demandant l’audace et les piquant d’injure :
Ne les méprisez pas, ces frères de vertu,
Qui vous laissent l’arène et le lot combattu !
Si dans l’ombre et la paix leur cœur timide habile,
Si le sillon pour eux est celui qu’on évite,
Que guerres et périls s’en viennent les saisir ;
Ils ont chef Catinat, le héros sans désir !

Et cette âme modique, à plaisir enfouie,
Ce fugitif qui craint tout éclair dans sa vie,
Qu’à l’un des jours d’essor, de soleil rayonnant,
Comme on en a chacun, il rencontre au tournant
Du prochain boulevard quelque ami de collége
Qui depuis a pris gloire et que le bruit assiége,
Sympathique talent resté sincère et bon,
Oh ! les voilà bien vite aux nuances du ton.