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DE JOSEPH DELORME

N’éclairerait que ma défaite
Et mes ennuis jusqu’au tombeau ?

La destinée à ma jeunesse
Semblait sourire avec amour ;
J’aimais la vie avec ivresse,
Ainsi qu’on aime une maîtresse
Avant la fin du premier jour.

Il a fui, mon rêve éphémère…
Tel, d’un sexe encore incertain,
Un bel enfant près de sa mère
Poursuit la flatteuse chimère
De son doux rêve du matin.

Tout s’éveille, et, lui, dort encore ;
Déjà pourtant il n’est plus nuit ;
L’aube blanchit devant l’Aurore :
Sous l’œil du Dieu qui la dévore,
L’Aurore rougit et s’enfuit.

Il dort son sommeil d’innocence ;
Avec l’aube son front blanchit ;
Puis par degrés il se nuance
Avec l’Aurore qui s’avance
Et qui bientôt s’y réfléchit.

Un voile couvre sa prunelle
Et cache le ciel à ses yeux ;
Mais un songe le lui révèle ;
En songe, son âme étincelle
Des rayons qui peignent les cieux.