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VII


Continuation de l’épisode dramatique — Deux familles de génies : de laquelle Rotrou ? — Son degré de parenté avec Corneille — Analyse du Saint Genest. — Différence avec la tragédie sacrée de Racine — Jugements de Port-Royal sur Polyeucte.


Rotrou est de beaucoup inférieur à Corneille ; mais quand il monte, c’est dans le même sens et sur les mêmes tons : il aide à mesurer l’échelle. Plus jeune d’âge que Corneille, mais son aîné au théâtre et dans le métier, il se fit son suivant, et comme son écuyer dans l’arène depuis le Cid. Corneille avait beau tirer en avant et lui dire mon père, Rotrou s’obstinait à rester à sa place, et se contentait, fils ou frère, de l’honneur de la lignée.

Il me semble que les génies dramatiques, à les prendre dans leur ensemble et parmi les plus grands peuvent assez bien se séparer en deux classes, en deux familles principales, qui offrent des traits et un procédé essentiellement différents. Au dix-huitième siècle une querelle s'agita, comme on en vit un si grand nombre en ce temps d’activité disponible et d’heureux loisirs ; ce