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LIVRE PREMIER.

spirituel de saint François de Sales), pour que Massillon, l’abbé Fleury (tout semi-gallican qu’il est), l’autre Fleury évêque de Fréjus et cardinal, Belzunce de Marseille, enfin la race des doux n’y incline point. Je doute que François de Sales, reparaissant à la fin du siècle, eût été favorable, puisque Fénelon ne l’a pas été.

Il s’agirait, maintenant que M. de Saint-Cyran se trouve nommé dans cette histoire, de nous prendre à lui, de nous demander qui il est, de nous bien expliquer d’où il vient. Mais ce serait couler trop légèrement sur celui même que je lui oppose. Saint François de Sales ne se quitte pas ainsi. Il sied de l’approfondir ; il plaît de l’étudier encore comme écrivain de l’aurore du dix-septième siècle, comme une espèce de Montaigne et d’Amyot de la spiritualité. À l’occasion de M. de Saint-Cyran, j’aurai d’ailleurs à parler bientôt de Balzac, que le profond abbé perça d’un coup d’oeil et jugea ; de la sorte, par ces intermèdes littéraires gradués, nous tiendrons, avant Pascal, bien des éléments et des préliminaires de la belle prose française, jusqu’au moment juste où elle s’accomplit.