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LIVRE DEUXIÈME.

On trouve particulièrement toute sa théologie à ce sujet dans ses lettres écrites du Donjon de Vincennes à M. Guillebert, à M. Arnauld, à M. de Rebours : il y dessine et y dépeint en traits réitérés, et d’une plume souvent éclatante et vraiment glorieuse, l’idée du Prêtre, que de très belles pensées résument à part et achèvent de couronner[1].

Selon M. de Saint-Cyran, la Grâce, le secours divin singulier qui est absolument nécessaire pour opérer au sein du mal la guérison de l’âme déchue, n'est pas plus nécessaire que l’autre grâce spéciale qui, au sein de la Grâce générale régnante, va choisir et appeler une âme chrétienne au Sacerdoce. Il y a là un second coup d’élection, une grâce à la seconde puissance, et qui, dans le prêtre, revêt, exhausse et réalise la première. Il cite là-dessus saint François de Sales, qui renferme la principale vertu du pasteur dans la plénitude de charité, et qui y joint la plénitude de science et de prudence : saint François de Sales ajoutait que ce sacré ternaire se trouve plus rarement qu’on ne pense, et que de dix mille prêtres qui font profession, c’est beaucoup d’en trouver un que l’on puisse choisir. Sur quoi M. de Saint-Cyran observe que saint François de Sales a omis ce qui fait non seulement le couronnement, mais le fondement et le lien des trois grandes vertus pastorales, c’est-à-dire la vocation expresse et spéciale, pierre angulaire de ce

    ou de notre ami Reuchlin, qui traite Port-Royal pour l'Allemagne ; ce serait à des docteurs catholiques à développer et à maintenir la thèse opposée. Je ne suis, en Port-Royal comme en toutes choses, qu'un amateur, scrupuleux, il est vrai, mais qui se borne à commenter moralement et à reproduire.

  1. Tout cela forme le recueil déjà cité : Lettres chrétiennes et spirituelles de messire Jean du Verger…, imprimées pour la première fois en 1744. — Il y a aussi une Lettre de messire Jean du Verger… à un Ecclésiastique de ses amis, M. Du Hamel, touchant les dispositions à la Prêtrise, qui fut imprimée dès 1648.