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PORT-ROYAL.

Au sortir du monastère, et après s’être donné l’honneur de saluer le duc de Luines qui était encore à Vaumurier, M. Daubray alla aux Trous faire visite, selon l’ordre qu’il en avait reçu, chez M. de Bagnols, lequel, on l’a vu, était du voyage ; il y passa la nuit, et, le lendemain matin, il se rendit chez M. de Bernières au Chesnai. Le reste des enfants des Écoles y étaient réunis au nombre de vingt-trois ou vingt-quatre, sous la conduite d’un maître de Port-Royal, M. Walon de Beaupuis. M. Daubray et les deux commissaires ses adjoints, loin d’y rien trouver à reprendre, parurent plutôt édifiés de la bonne éducation et discipline qu’ils y virent.

Nous donnerons plus loin, et à part, toute l’histoire des Petites Écoles depuis leur premier dessein par M. de Saint-Cyran en 1637, leur organisation complète à Paris en 1646, leur renvoi aux Champs et leurs vicissitudes en 1650 et 1656, jusqu’à leur ruine entière en 1660. On n’a donc pas à s’y détourner ici.

Telle fut en somme, et sans rien surfaire, ce qu’on a appelé à Port-Royal la seconde dispersion des solitaires, et la plus bénigne : la première avait eu lieu en 1638 ; la plus violente nous attend en 1661, — sans parler encore de celle qui, après l’intervalle de la Paix de l’Église, rouvrit la persécution en 1679, et qui fut la dernière.

On en était donc là à l’intérieur de Port-Royal, et l’on s’attendait à de pires extrémités, comme à l’éloignement des confesseurs et peut-être à la dispersion des religieuses. Dans sa lettre du 6 avril à la Reine de Pologne, la mère Angélique disait :


    vaise connaissance ; il dut se dérober à cet inconvénient par un prompt départ. Trop agréé d’un cardinal dans sa jeunesse et empoisonné finalement par sa propre fille, c’était pour un galant homme jouer de malheur en fait de sentiments naturels.