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PORT-ROYAL.

besoin de division pour les suivre et les étudier. Je les distinguerai en deux ordres : 1° conséquences théologiques, et 2° conséquences morales.

Par conséquences théologiques, j’entends tout l’effet qu’eurent les Provinciales au sein de l’Église, auprès des Chrétiens, auprès des Puissances ecclésiastiques, et j’y joindrai les réfutations qu’on essaya d’y opposer du point de vue théologique et religieux.

Par conséquences morales, j’entends leur effet dans le monde, sur les esprits libres, sur la morale des honnêtes gens. — Ce chapitre tout entier et le suivant seront consacrés aux premières, c’est-à-dire aux conséquences théologiques.

En même temps que les rieurs accueillaient si gaiement les premières Lettres contre la morale des Jésuites, les Curés de Rouen et de Paris ne songeaient pas à en rire ; et ces hommes respectables s’étonnaient, s’indignaient, et prenaient la chose du côté le plus grave. Ceux de Rouen donnèrent le signal ; l’un d’eux, le Curé de Saint-Maclou, tonna en chaire, et, la polémique s’étant engagée par suite de ce sermon, ses confrères vinrent à son aide ; ils s’assemblèrent, nommèrent une Commission à l’effet de vérifier les citations des Provinciales, et, stupéfaits d’y trouver tant d’exactitude[1], ils adressèrent, dès le 28 aoiàt 1656, une Requête à leur archevêque, M. de Harlai, pour qu’il condamnât les mauvaises maximes, et nommément certaines Propositions qu’ils avaient extraites. L’archevêque renvoya l’affaire, à l’Assemblée générale du Clergé qui se tenait à Paris. Sur ce, les Curés de Paris, priés par leurs confrères de

  1. Car notez bien que, là où l’exactitude n’est pas rigoureuse, les passages des Casuistes ne gagnent pas pour cela à être examinés en place ; on y trouve à côté une foule d’autres choses que Pascal n’a pas dites et qui étonnent, même des curés.