Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/488

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
478
PORT-ROYAL.

1670 à 1678, durant la Paix de l’Église, Port-Royal, comme monastère, put reprendre des jeunes filles pensionnaires au dedans ; mais il n’y eut plus jamais d’écoliers dirigés au dehors par ces Messieurs. Les Jésuites ne l’auraient pas souffert.

C’est dans le cours de ces quinze années d’une existence interrompue, toujours secouée et menacée, que les Petites Écoles produisirent pourtant de si grands fruits, formèrent des hommes dont la race se reconnaît entre les générations du siècle, et développèrent de si excellents et si durables modèles d’enseignement.

Il serait impossible de fixer le chiffre des élèves qui sortirent directement des mains de ces Messieurs ; mais, en évaluant au plus haut, je ne crois pas qu’à aucun moment de ces quinze années, si l’on avait additionné tous les élèves des divers groupes, ce nombre eût jamais dépassé cinquante à la fois ; et il y eut des années où le chiffre dut rester beaucoup au-dessous[1].

  1. Voici comment je raisonne : quand les Écoles furent au cul-de-sac Saint-Dominique, il n’y eut que cette seule maison : on indique six écoliers en quatre chambres, ce qui donnerait vingt-quatre ; et tant qu’on demeura dans cette maison particulière, assez à l’étroit, et avec les guerres de la Fronde, on dut rester fort en deçà de cinquante. Après la translation aux Champs dans les vacances de 1653, il y eut agrandissement, multiplication. On forma trois centres d’études, les Granges, le Chesnai et les Trous. En comptant une vingtaine d’écoliers pour le Chesnai, autant pour les Granges (ce qui est bien fort), et dix pour les Trous qui paraissent avoir toujours été en seconde ligne, on n’atteint que le chiffre de cinquante ; et encore, si on l’atteignit, ce ne dut être que dans le moment le plus florissant et le plus complet, de 1654 à 1655. À ce moment, si on avait laissé faire, l’accroissement était rapide. À dater de mars 1656, il y eut dissémination et diminution considérable. Ce serait une fausse base de calcul de supposer que tous les différents lieux assignés aux Écoles dans les Mémoires aient été également peuplés, et en même temps. Je réponds ici d’avance à une note d’un manuscrit de la Bibliothèque du Roi (Supplém. franç., n° 1565), si on était tenté de me l’opposer.