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LIVRE QUATRIÈME.

et qui y visait de longue main, était resté en relation épistolaire avec M. d’Andilly[1], avec madame de Sablé, avec M. d’Angers, avec les demi-pénitentes et les demi-solitaires. Il aurait bien voulu ne pas rompre tout à fait avec M. Le Maître ; mais ce dernier n’entendait pas raillerie. Dans une lettre à Balzac, du 30 décembre 1640, Chapelain écrivait : « Quelque protestation publique que vous puissiez faire de ne vouloir point de commerce avec les écrivains, il est malaisé que vous vous en puissiez défendre, à moins que de faire de votre solitude un désert aussi sauvage et aussi inaccessible que celui de M. Le Maître, qui, depuis sa retraite du monde, n’a pas même permis à mon amitié d’y entrer. » Chapelain restait donc jusqu’à un certain point un intermédiaire entre l’hôtel Rambouillet et Port-Royal ; il faisait parfois des compliments de mademoiselle de Scudéry ; il complimentait pour son propre compte dans les grandes occasions, quand la mère Angélique mourait, quand on dispersait les innocents : « Le bruit de vos nouvelles croix est venu jusqu’à moi, et je les ai ressenties peut-être plus que vous ; du moins a-ce été avec plus de foiblesse[2]. Il complimentait encore M. d’Andilly dans les bons jours, dans les succès de M. dePomponne et dans les retours victorieux : « Ce nous est un grand sujet de consolation de voir cesser l’invisibilité de M. votre frère (Arnauld) et la captivité de M. votre neveu (Saci), avec l’applaudissement général des gens sensés et la dernière mortification de leurs adversaires ; et plus encore de voir la Vérité

  1. Quelques-unes des lettres de Chapelain à d’Andilly sont adressées pompeusement à M. d’Andilly, Conseiller du Roy en tous ses Conseils, au Port-Royal.
  2. À M. d’Andilly, Conseiller d’État, au Port-Royal ; lettre du 18 mai 1661. — J’ai entre les mains cinq volumes in~4° manuscrits des Lettres de Chapelain, d’où Camusat a tiré le volume des Mélanges ; il y a malheureusement une lacune de plusieurs années.