Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/591

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
581
LIVRE QUATRIÈME.

bien l’accident assez bizarre de cette rencontre, par le moyen des Muskry, des Hamilton, des Lennox, ces seigneurs irlandais ou écossais catholiques, qui étaient en liaison étroite avec nos amis[1].

Le jour que le Lieutenant-civil Daubray fit sa descente à Port-Royal des Champs (30 mars 1656), ayant eu occasion d’entendre parler à la mère Angélique d’un M. de Beauvais qui avait été précepteur du comte de Montauban, fils aîné du prince de Guemené, il répliqua en plaisantant : Il a fait là une belle nourriture ! C’est ce qu’il aurait pu dire également d’un M. Grimald, précepteur du jeune chevalier de Rohan, et qui passa quelque temps avec son élève à Port-Royal. Ces fils de la princesse de Guemené font peu d’honneur à leurs maîtres : si l’aîné (M. de Montauban) était un si pauvre sire[2], le cadet (le chevalier de Rohan) devint le plus détestable des sujets[3]. Il eut le sort du duc de Mon-

  1. On lit dans les Mémoires manuscrits de M. Hermant, à la date de 1661 : « Parmi les emplois de charité qui occupoient M. de Bernières depuis qu’il avoit quitté sa charge (de maître des Requêtes), et qu’il s’étoit retiré du Conseil du Roi, il s’étoit particulièrement appliqué au soulagement des Catholiques de la domination du roi d’Angleterre. M. Taignier (docteur en Sorbonne) l’avoit aussi souvent secondé dans ce dessein et l’avoit même lié si étroitement avec M. l’abbé d’Aubigny, parent de ce roi, qu’ils ne faisoient plus ensemble qu’une dépense pour le logement et pour la table, dans une maison canoniale du Cloître de Notre-Dame. Cette même charité avoit porté M. de Bernières à recevoir dans sa maison du Chesnai un fils naturel du roi d’Angleterre, qui depuis s’est signalé dans le monde sous le nom de duc de Monmouth ; et comme il faisoit alors profession de la religion catholique, on tâchoit de l’y élever, et de lui inspirer des sentiments chrétiens. « Quand la petite troupe d’enfants de qualité qu’on élevait au Chesnai fut dispersée par un ordre de la Cour, M. d’Aubigny, qui y avait placé le jeune Monmouth, le mit à Juilly chez les Pères de l’Oratoire (lettre d’Arnauld à M. Du Vaucel, du 14 septembre 1685).
  2. Il mourut fou en 1699, après des années de réclusion
  3. Accordons-lui pourtant ce qui lui est dû : on disait dans la langue de ce temps-là que M. Talon était le plus beau sens commun