Page:Sainte-Beuve - Portraits contemporains, t1, 1869.djvu/246

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peuples en émoi sont le signe précurseur de la tempête qui passera bientôt sur les nations tremblantes.

« Tenez-vous prêts, car les temps approchent.

« En ce jour-là, il y aura de grandes terreurs et des cris tels qu’on n’en a point entendu depuis les jours du déluge.

« Les rois hurleront sur leurs trônes ; ils chercheront à retenir avec les deux mains leurs couronnes emportées par les vents, et ils seront balayés avec elles.

« Les riches et les puissants sortiront nus de leurs palais, de peur d’être ensevelis sous les ruines.

« On les verra, errant sur les chemins, demander aux passants quelques haillons pour couvrir leur nudité, un peu de pain noir pour apaiser leur faim, et je ne sais s’ils l’obtiendront.

« Et il y aura des hommes qui seront saisis de la soif du sang et qui adoreront la mort, et qui voudront la faire adorer.

« Et la mort étendra sa main de squelette comme pour les bénir, et cette bénédiction descendra sur leur cœur, et il cessera de battre.

« Et les savants se troubleront dans leur science, elle leur apparaîtra comme un petit point noir quand se lèvera le soleil des intelligences.

« Et à mesure qu’il montera, sa chaleur fondra les nuages amoncelés par la tempête ; et ils ne seront plus qu’une légère vapeur qu’un vent doux chassera vers le couchant.

« Jamais le ciel n’aura été aussi serein, ni la terre aussi verte et aussi féconde.