Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/143

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FRAGMENTS.

DISCOURS DU CONSUL M. .«MILIUS LEPIDUS

AU PEUPLE BOMilN COSTBE SÏLL.l (().

M. .^îrniliiis Lcpidus , pire du triumvir L( ?pidc, avait été édilt’ sous le septième consulat de Marius. 11 passa plus tai’d dans le parti de Sylla et s’y fit remarquer par i ardeur avec laquelle il achetait les biens des proscrits. En 675 il fut désigné consul, avec l’aide de Pompée, et nialgi’é l’opposition de Sylla, alors encore dictateur, ilais des que celui-ci eut alidiqué, Lépidus travailla à recomposer l’ancienne faction de Jlarius. Il ambitionnait la puissance de Sylla, mais n’avait rien de son g’iiic : c’était un homme léger, turbulent, ayant phis de ruse que de prudence, et sans aucun talent militaire. — De Brosses pense que ce discours fut adressé par Lépiilus à ses partisans qu’il avait assembles en secret ; et, selon cet écrivain, le titre ait peuple romain aurait été ajouté par une main moderne : mais rien ne justifie cette supposition. Au reste, il parait qu’à cette époque Sylia, bien que rentré dans la vie privée, était encore tout puissant par ses satellites, auxquels il avaitconlié la plupart des niagislratures.

Romains, votre clémence et votre prol)ilé, auxquelles vous devez chez les nations clrangères votre gfaiideur et votre gloire , ne me font que redouter davantage la tyrannie de Sylfa. Je crains qu’en vous refusant a croire les :i !itres capables d’actions qui vous paraisseiit ciiuincllcs, vous ne vous laissiez surprendre, alors surtout qu’il s’agit d’un homme qui n’a d’espiiir que dans le crime et dans la |>erfidie , et qui ne peut s’estimer en sûreté qu’en se montrant méchant et déleslahle au delà de vos craintes, atin de vous ôter, par l’excès de vos maux, à vous ses esclaves, jusqu’au souci de voire liberté : ou . si vous êtes sur vos gardes , je ci ains que vou.î ne soyez plus occupés à vous garantir de ses atleLtals qu’à vous en venger. Ses satellites, des hommes d’un grand nom et illustrés par les belles actions de leurs ancêtres, ce dont je ne puis assez iî ; étonner , achètent par leur propre servitudi> lô droit de vous tyranniser ; ils préfèrent cette double abjection a l’exercice d’une liberté légitime. Glorieux rejetons des Brutus , des yEtuiiiUs, des Lutatius , enfantés pour détruire ce que k’urs ancêtres avaient édilié par leur valeur ! Car enlin , que prétendions -nous défendre coittro Pyrrhus, et Annibal, et Pliilippe, et Antioilius, sinon la liberté, nos foyers à cliacuii, et le liroit