Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/212

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la guerre d’Helvétie le bonheur de ses armes. Aussi le départ qu’il voulait remettre à un jour plus éloigné, il l’avance ; et la nuit suivante, à la quatrième veille, il lèvera le camp, afin de savoir avant tout ce qui prévaut sur eux, ou l’honneur et le devoir, ou la peur. Si cependant personne ne le suit, il partira avec la dixième légion seule, dont il ne doute pas, et elle sera sa cohorte prétorienne (19). » César avait toujours particulièrement favorisé cette légion et se fiait entièrement à sa valeur.

XLI. Cette harangue, produisant dans tous les esprits un changement extraordinaire, fit naître la plus vive ardeur et le désir de combattre. La dixième légion, par l’organe des tribuns militaires, remercia aussitôt César d’avoir aussi bien présumé d’elle, et déclara qu’elle était prête à marcher au combat. Ensuite les autres légions lui députèrent leurs tribuns et les centurions des premiers rangs, pour lui adresser leurs excuses ; elles n’avaient jamais hésité, ni tremblé, ni prétendu porter sur la guerre un jugement qui n’appartient qu’au général. César reçut leurs excuses, et, après s’être enquis du chemin à prendre auprès de Diviciacos, celui des Gaulois dans lequel il avait le plus de confiance, il résolut de faire un détour de cinquante milles, afin de conduire son armée par un pays ouvert, et partit à la quatrième veille comme il l’avait dit. Le septième jour, il marchait encore quand il apprit, par ses éclaireurs, que les troupes d’Arioviste étaient à vingt mille pas des nôtres.

XLII. Instruit de l’arrivée de César, Arioviste lui envoie des députés « Il acceptait la demande qui lui avait été faite d’une entrevue, maintenant que César s’était approché davantage, et qu’il pensait pouvoir le faire sans danger. » César ne rejeta point sa proposition. Il crut qu’Arioviste était revenu à des idées plus saines, puisque cette conférence qu’il lui avait d’abord refusée, il l’offrait de son propre mouvement. Il espérait que, dès qu’il connaîtrait ses demandes, le souvenir des insignes bienfaits de César et du peuple romain triompherait de son opiniâtreté. L’entrevue fut fixée au cinquième jour à partir de celui-là. Dans cet intervalle, on s’envoya de part et d’autre de fréquents messages ; Arioviste demanda que César n’amenât aucun fantassin ; il craignait des embûches et une surprise ; tous deux seraient accompagnés par de la cavalerie ; s’il en était autrement, il ne viendrait point. César, ne voulant pas que la conférence manquât par aucun prétexte, et n’osant commettre sa sûreté à la cavalerie gauloise, trouva un expédient plus commode ; il prit tous leurs chevaux aux cavaliers gaulois, et les fit monter par des soldats de la dixième légion, qui avait toute sa confiance, afin d’avoir, s’il en était besoin, une garde dévouée. Cela fit dire assez plaisamment à un des soldats de cette légion : « Que César les favorisait au-delà de ses promesses, puisqu’ayant promis aux soldats de la dixième légion d’en faire sa cohorte prétorienne, il les faisait chevaliers. »

XLIII. Dans une vaste plaine était un tertre assez