Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/218

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constance et légèreté d’esprit, désiraient un changement de domination ; quelques-uns enfin, les plus puissants et ceux qui, à l’aide de leurs richesses, pouvaient soudoyer des hommes et s’emparaient ordinairement du pouvoir, prévoyaient que ces usurpations seraient moins faciles sous notre gouvernement.

II. Inquiet de tous ces rapports, César leva deux nouvelles légions dans la Gaule citérieure, et les envoya, au commencement de l’été, dans la Gaule intérieure, sous le commandement de Q. Pédius, son lieutenant. Lui-même rejoignit l’armée, dès que les fourrages commencèrent à être abondants ; il chargea les Sénonais[1] et les autres Gaulois, voisins des Belges, d’observer ce qui se passait chez eux, et de l’en instruire. Ils lui annoncèrent unanimement que ce peuple levait des troupes et qu’une armée se rassemblait. César alors n’hésite plus, et fixe son départ au douzième jour. Après avoir pourvu aux vivres, il lève son camp et arrive en quinze jours à peu près aux frontières de la Belgique.

III. Son arrivée fut imprévue et personne ne s’attendait à tant de célérité ; les Rèmes[2], voisins immédiats des Belges, lui députèrent Iccios et Andocumborios, les premiers de leur cité, chargés de lui dire qu’ils se mettaient eux et tout ce qu’ils possédaient sous la foi et pouvoir du peuple romain, qu’ils n’avaient point voulu se liguer avec les autres Belges, ni prendre part à cette conjuration contre les Romains ; qu’ils étaient prêts à donner des otages, à faire ce qui leur serait ordonné, à le recevoir dans leurs places, à lui fournir des vivres et tous autres secours ; que tout le reste de la Belgique était en armes ; que les Germains, habitant en deçà du Rhin, s’étaient joints aux Belges et que telle était la fureur de cette multitude, qu’eux-mêmes, frères et alliés des Suessions[3], obéissant aux mêmes lois, ayant le même gouvernement et les mêmes magistrats, n’avaient pu les détourner d’entrer dans la confédération.

IV. César leur demanda quels étaient les peuples en armes, leur nombre et leurs forces militaires. Il apprit que la plupart des Belges étaient originaires de Germanie ; qu’ayant anciennement passé le Rhin, ils s’étaient fixés en Belgique, à cause de la fertilité du sol, et en avaient chassé les Gaulois qui l’habitaient avant eux ; que seuls, du temps de nos pères, quand les Teutons et les Cimbres eurent ravagé toute la Gaule, ils les avaient empêchés d’entrer sur leurs terres. Ce souvenir leur inspirait une haute opinion d’eux-mêmes et leur donnait de hautes prétentions militaires. Quant à leur nombre, les Rèmes avaient à ce sujet les données les plus certaines, en ce que, unis avec eux par le voisinage et les alliances, ils connaissaient le contingent que, dans l’assemblée générale des Belges, chaque peuple avait promis pour cette guerre. Les Bellovaques[4] tenaient le premier rang parmi eux par leur courage, leur influence et leur population : ils pouvaient mettre

  1. Habitants du territoire de Sens.
  2. Peuple du diocèse de Reims.
  3. Peuple du Soissonnais, territoire contigu à celui de Reims.
  4. Peuple du Beauvoisis.