Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/274

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Indutiomaros est tué, et sa tête apportée au camp. Les cavaliers, au retour, attaquent et tuent ce qu’ils rencontrent d’ennemis. À la nouvelle de cette déroute, les troupes réunies des Éburons et des Nerviens se retirent ; et César, après cet événement, vit la Gaule un peu plus tranquille.



LIVRE SIXIÈME.

I. César, qui, par une foule de raisons, s’attendait à de plus grands mouvements dans la Gaule, chargea M. Silanus, C. Antistius Reginus et T. Sextius, ses lieutenants, de faire des levées. En même temps, il demanda à Cn. Pompée, proconsul, qui restait devant Rome avec le commandement, pour la sûreté de la république, d’ordonner aux recrues qu’il avait faites dans la Gaule cisalpine, sous son dernier consulat, de rejoindre leurs enseignes et de se rendre auprès de lui. Il croyait très important, même pour l’avenir, de convaincre les Gaulois que l’Italie avait assez de ressources non seulement pour réparer promptement quelques pertes essuyées à la guerre, mais encore pour déployer plus de forces qu’auparavant. Pompée accorda cette demande au besoin de la république et à l’amitié (1) ; et, grâce à l’activité du recrutement, trois légions furent formées et réunies avant la fin de l’hiver (2) ; le nombre des cohortes perdues sous Q. Titurius se trouva doublé, et l’on montra, par ces levées si promptes et si nombreuses, ce que pouvaient la discipline et les ressources du peuple romain.

II. Après la mort d’Indutiomaros, dont nous avons parlé, les Trévires donnèrent le commandement à ses proches. Ceux-ci ne cessèrent de solliciter les Germains de leur voisinage, et de leur promettre des subsides : ne pouvant rien obtenir des nations voisines, ils s’adressèrent aux peuples plus éloignés. Ils réussirent auprès de quelques cités, se lièrent par des serments et donnèrent des otages pour sûreté des subsides. Ils associèrent Ambiorix à leur pacte. Informé de ces menées, et voyant que la guerre se préparait de toutes parts ; que les Nerviens, les Atuatuques, les Ménapes, ainsi que tous les peuples de la Germanie cisrhénane joints à eux, étaient en armes ; que les Sénons ne se rendaient point à ses ordres et se concertaient avec les Carnutes et les états voisins : que les Trévires sollicitaient les Germains par de nombreuses députations, César crut devoir hâter la guerre.

III. Ayant donc, même avant la fin de l’hiver, réuni les quatre légions les plus proches, il fondit à l’improviste sur les terres des Nerviens ; et, avant qu’ils pussent se rassembler ou fuir, il leur prit un grand nombre d’hommes et de bestiaux, abandonna ce butin aux soldats, dévasta le territoire, et les obligea de se rendre et de lui donner des otages. Après cette expédition rapide, il ramena les légions dans leurs quartiers. Ayant, au commencement du printemps, convoqué, selon son usage, l’assemblée de la Gaule, les différents peuples s’y rendirent, à l’exception des Sénons, des Carnutes et des Trévires. Regardant cette conduite comme un signal de guerre et de révolte, César