Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/356

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Rome ; ainsi, encore, M. Rufus avait, à peu de chose près, opiné comme Calidius. (4) Mais tous les trois furent fortement réprimandés par le consul L. Lentulus, (5) qui même refusa de mettre aux voix l’avis de Calidius. Marcellus, effrayé par ces reproches, retira le sien. (6) Ainsi les cris du consul, la présence d’une armée, les menaces des amis de Pompée entraînent la plupart des sénateurs et les forcent, malgré eux, à se ranger à l’avis de Scipion. L’on décrète "que César licenciera son armée dans un délai prescrit ; et que, s’il y manque, il sera déclaré ennemi de la république". (7) M. Antonius et Q. Cassius, tribuns du peuple, s’opposent au décret. Un rapport est fait aussitôt sur l’opposition des tribuns : (8) on ouvre des avis pleins de violence ; et plus les mesures qu’on propose sont acerbes et cruelles, plus on est applaudi par les ennemis de César.

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(1) Sur le soir, au sortir de l’assemblée, Pompée mande tous les sénateurs. Il loue les uns et les encourage pour l’avenir ; il réprimande et excite ceux qui se sont montrés timides. (2) En même temps il rappelle de tous côtés un grand nombre de vétérans de ses armées, par l’espoir des récompenses et de l’avancement ; et la plupart des soldats des deux légions envoyées par César sont également appelés sous les drapeaux. (3) Rome est remplie de compagnons d’arme de Pompée, tribuns, centurions, rengagés. (4) Les amis des consuls, les partisans de Pompée, tous ceux qui avaient de vieilles inimitiés contre César, se rendent en foule au sénat : (5) par leurs cris et par leur concours, ils intimident les faibles, rassurent ceux qui hésitent, enfin enlèvent au plus grand nombre le pouvoir d’exprimer franchement leur opinion. (6) Le censeur L. Pison offre d’aller vers César pour l’informer de ce qui se passe ; le préteur L. Roscius fait la même proposition : ils ne demandent pour cela qu’un délai de six jours. (7) Quelques-uns même sont d’avis qu’on envoie à César des députés qui lui exposent la volonté du sénat.

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(1) Ces divers avis sont rejetés ; on oppose à chacun d’eux le discours du consul, de Scipion et de Caton. D’anciennes inimitiés et le chagrin d’un refus animent Caton contre César. (2) Lentulus, accablé de dettes, espère obtenir une armée, des provinces, compte sur les largesses des rois qui désirent notre alliance, et se vante parmi ses amis d’être un autre Sylla, qui arrivera un jour à l’empire. (3) Scipion se flatte également d’avoir une province et une armée, dont il partagera le commandement avec Pompée dont il est l’ami : ajoutez à cela la crainte d’un jugement, l’intérêt de sa vanité, et la faveur des hommes qui avaient alors le plus de pouvoir dans la république et dans les tribunaux. (4) Pompée lui-même, excité par les ennemis de César, et ne voulant pas avoir d’égal, s’était séparé entièrement de lui, et réconcilié avec leurs ennemis communs, qu’il avait attirés en grande partie à César dans le temps de leur alliance. (5) D’ailleurs, honteux de sa conduite peu loyale par rapport aux deux légions destinées pour l’Asie et la Syrie, et qu’il avait retenues pour établir