Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pompée ce qu’il avait à lui dire, César les pria, l’un et l’autre, puisqu’ils s’étaient chargés du message, de vouloir bien aussi se charger de la réponse ; ils pourraient peut-être, sans prendre trop de peine, mettre fin à une querelle déplorable et délivrer toute l’Italie de ses craintes. (2) "Lui aussi, il avait toujours considéré avant tout la gloire de la république, qui lui était plus chère que la vie : il avait vu avec douleur que ses ennemis voulussent lui arracher, par un affront, la faveur du peuple romain, lui ôter les six derniers mois de son gouvernement et le forcer de retourner à Rome, quoique le peuple eût autorisé son absence des prochains comices : (3) toutefois, dans l’intérêt de la république, il avait souffert patiemment ce tort fait à sa gloire : il avait écrit au sénat pour demander que toutes les armées fussent licenciées, et n’avait pu l’obtenir ; (4) on faisait des levées dans toute l’Italie ; on retenait deux légions qu’on lui avait retirées sous prétexte d’une guerre contre les Parthes : toute la ville était sous les armes. Tous ces mouvements avaient-ils d’autre but que sa perte ? (5) Cependant il était prêt à consentir à tous les sacrifices, à tout souffrir pour l’amour de la république. Que Pompée se rende dans son gouvernement ; que tous deux licencient leurs troupes ; que chacun pose les armes en Italie ; que Rome soit délivrée de ses craintes ; que les comices soient libres, et les affaires publiques remises au sénat et au peuple romain. (6) Enfin, pour aplanir ces difficultés, pour arrêter les conditions d’un accord, et les sanctionner par un serment, que Pompée s’approche ou qu’il se laisse approcher par César : une entrevue pourra terminer leurs différends."

(1) Après avoir accepté la mission, Roscius se rend à Capoue avec L. César, et là il trouve les consuls et Pompée. Il leur rapporte les demandes de César. (2) Ceux-ci, après en avoir délibéré, le renvoient avec une réponse par écrit, laquelle portait : (3) "Que César retournerait en Gaule, sortirait d’Ariminium, licencierait son armée : que, moyennant cela, Pompée irait en Espagne. (4) En attendant, jusqu’à ce que César eût garanti l’exécution de ses promesses, les consuls et Pompée ne discontinueraient point les levées.

11

(1) Il etait injuste de demander que César sortît d’Ariminium et retournât dans son gouvernement, tandis que Pompée retiendrait des provinces et des légions qui n’étaient pas à lui ; que César licenciât son armée pendant qu’on faisait des levées ; (2) que Pompée promît de se rendre dans son gouvernement, et de ne pas fixer le délai dans lequel il partirait : de sorte que si, à la fin du consulat de César, Pompée n’était pas parti, on ne pourrait l’accuser d’avoir faussé son serment. (3) D’ailleurs, ne marquer aucun temps pour une entrevue, ne pas s’engager à se rapprocher de César, c’était ôter tout espoir d’accommodement. (4) En conséquence, César fait partir M. Antoine d’Ariminium, et l’envoie à Arrétium avec cinq cohortes : pour lui, il reste à Ariminium avec deux légions, et y ordonne des levées. Il occupe Pisaurum, Fanum, Ancône, en mettant une cohorte dans chacune de ces places.

Progrès de César. Prise d’Iguvium et d’Auximum

12

(1) Cependant, informé que le préteur Thermus tenait Iguvium