Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/360

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avec cinq cohortes, et qu’il faisait fortifier cette ville, mais que les habitants lui en étaient tout dévoués, César y envoya Curion avec trois cohortes qu’il tira de Pisaurum et d’Ariminium. (2) Ayant appris leur arrivée, Thermus, se défiant des dispositions des citoyens, retire ses cohortes et s’enfuit : ses soldats l’abandonnent en chemin et retournent chez eux. (3) Curion entre dans Iguvium à la grande satisfaction des habitants. Après ce succès, plein de confiance dans les sentiments des villes municipales, César tire des garnisons les cohortes de la treizième légion, et part pour Auximum où Attius s’était jeté avec quelques cohortes, et d’où il envoyait des sénateurs faire des levées dans tout le Picénum.

(1) À la nouvelle de l’arrivée de César, les décurions d’Auximum se rendent en grand nombre vers Attius Varus. Ils lui disent "qu’ils n’ont pas à juger la querelle présente, mais que ni eux-mêmes, ni leurs concitoyens ne peuvent souffrir que C. César, après avoir si bien mérité de la république par tant de belles actions, soit exclu de la ville et des murs : qu’ainsi il songe à son nom dans l’avenir, et pourvoie à sa sûreté." (2) Effrayé par ces paroles, Attius Varus retire la garnison qu’il avait amenée, et s’enfuit. (3) Quelques soldats de César, appartenant aux premiers rangs, le poursuivent et le forcent à s’arrêter : (4) on en vient aux mains, et Varus est abandonné de ses troupes : une partie de ses soldats se retirent chez eux, le reste va joindre César, amenant avec eux prisonnier L. Pupius, premier centurion, qui avait déjà eu ce même grade dans l’armée de Pompée. (5) Quant à César, il donne aux soldats d’Attius les éloges qu’ils méritent, renvoie Pupius, remercie les Auximates, et leur promet de se souvenir de leur belle conduite.

Effet produit à Rome par l’avance de César

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(1) Ces nouvelles étant arrivées à Rome, la terreur y fut si grande, que le consul Lentulus, qui était venu, d’après un décret du sénat, ouvrir le trésor pour en tirer de l’argent qu’on devait porter à Pompée, s’enfuit tout à coup de la ville en laissant le trésor ouvert, parce qu’il courut un faux bruit que César approchait et que déjà sa cavalerie avait paru. (2) Marcellus, son collègue, et la plupart des magistrats le suivirent. (3) Pompée était parti le jour précédent pour aller joindre les deux légions qu’il avait reçues de César et mises en quartiers d’hiver dans l’Apulie. (4) On suspendit les levées qui se faisaient dans la ville, et personne ne se crut en sûreté en deçà de Capoue. À Capoue seulement on se rassure, on se réunit, on s’occupe d’enrôler les colons qui y avaient été conduits d’après la loi Julia ; et, comme César y entretenait une troupe de gladiateurs, Lentulus les rassemble sur la place publique, leur assure la liberté et leur donne des chevaux en leur commandant de le suivre ; (5) mais bientôt, averti par ses affidés que tout le monde blâmait cette mesure, il les distribua dans les environs de la Campanie pour veiller à la garde des esclaves.

Soumission de tout le Picénum

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(1) César, sorti d’Auximum, parcourut tout le Picénum. Il n’y eut pas une préfecture de ce pays qui ne l’accueillît avec joie, et ne fournît à