Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/366

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et pour cela il leur laisse dans un lieu sûr quelques barques légères.

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(1) Les habitants de Brindes, mécontents des outrages de Pompée et des insultes de ses soldats, favorisaient le parti de César. (2) Aussi, dès qu’ils apprennent le départ de Pompée, tandis que ses soldats courent çà et là pour s’y préparer, ils en donnent avis du haut des toits : alors César, ne voulant pas laisser échapper l’occasion, fait prendre les armes et préparer les échelles. (3) Pompée, vers la nuit, lève l’ancre. Les gardes placés sur la muraille quittent leur poste au signal convenu, et gagnent leurs vaisseaux par des chemins qu’ils connaissent. (4) Nos soldats escaladent le mur ; mais, avertis par les habitants de prendre garde aux fossés et aux pièges, ils s’arrêtent ; puis, guidés par ceux-ci, ils prennent un long détour qui les conduit au port, et là se rendent maîtres, avec des esquifs et des bateaux, de deux navires chargés de soldats qui avaient échoué contre la digue de César.

César décide de partir pour l’Espagne

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(1) César pouvait espérer de terminer à souhait cette affaire, s’il assemblait des vaisseaux et poursuivait Pompée avant que celui-ci eût tiré des secours d’outre-mer ; mais il craignit d’être obligé d’attendre trop longtemps, parce que Pompée avait emmené avec lui tous les vaisseaux, et par là lui avait ôté, pour le moment, tout moyen de le poursuivre. (2) Il n’avait donc qu’à attendre des vaisseaux des contrées lointaines de la Gaule, du Picénum et du détroit de Sicile ; mais la saison était un grand obstacle. (3) Cependant il craignait que les vieilles troupes et les deux Espagnes, dont l’une avait été comblée de bienfaits par Pompée, ne s’attachassent à lui encore plus, qu’on n’assemblât des secours, de la cavalerie, et qu’on n’attaquât la Gaule et l’Italie en son absence.

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(1) Il renonce donc pour le moment à poursuivre Pompée, se décide à partir pour l’Espagne, et ordonne aux décemvirs de toutes les villes municipales de lui chercher des vaisseaux et de les amener à Brindes. (2) Il envoie en Sardaigne Valérius, son lieutenant, avec une légion, et Curion en Sicile, comme propréteur avec quatre légions, lui recommandant de passer en Afrique aussitôt que la Sicile sera soumise. M. Cotta commandait alors en Sardaigne, M. Caton en Sicile ; l’Afrique était échue à Tubéron. (3) Dès que les habitants de Caralis apprirent qu’on leur envoyait Valérius, sans même attendre qu’il fût parti d’Italie, ils chassèrent spontanément Cotta de la ville. Celui-ci, effrayé de voir que toute la province était d’intelligence, s’enfuit de Sardaigne en Afrique. (4) En Sicile, Caton faisait réparer les vieilles galères et s’en faisait fournir de nouvelles par les villes. II y portait le plus grand zèle. Il faisait faire par ses lieutenants dans la Lucanie et le Bruttium des levées de citoyens romains, et exigeait des villes de Sicile un nombre déterminé de cavaliers et de fantassins. (5) À peine ces préparatifs sont-ils achevés, qu’il apprend l’arrivée de Curion : sur quoi il assemble le peuple et se plaint d’être abandonné, trahi par Pompée, qui,