Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/375

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d’un bois léger, et le reste du corps de ces bateaux d’osier tressé et recouvert de cuir. (3) Lorsqu’ils sont terminés, il les fait transporter la nuit sur des chariots accouplés à vingt-deux mille pas de son camp, fait passer le fleuve à ses soldats sur ces bateaux, et s’empare à l’improviste d’une hauteur attenant au rivage. (4) Aussitôt, avant que l’ennemi se soit aperçu de son mouvement, il la fortifie. Ensuite il y envoie une légion, et, en deux jours, un pont, auquel on travaille des deux côtés, est établi. (5) Par ce moyen, les convois et les fourrageurs lui reviennent en sûreté, et il commence à avoir des vivres.

(1) Le même jour une grande partie de sa cavalerie passe le fleuve, surprend les fourrageurs ennemis qui s’étaient dispersés sans précaution, et leur enlève un grand nombre d’hommes et de chevaux ; puis, des cohortes espagnoles ayant été envoyées au secours de l’ennemi ; elle se partage habilement en deux troupes, l’une, pour garder le butin ; l’autre, pour faire tête à ceux qui se présentent et les repousser. (2) Une cohorte s’étant imprudemment avancée, les nôtres l’enveloppent et la massacrent, et ils reviennent au camp par le même pont, sans aucune perte et avec un butin considérable.

Continuation du siège de Marseille

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(1) Tandis que ces choses se passent du côté d’Ilerda, les Marseillais équipent, par le conseil de L. Domitius, dix-sept galères, dont onze pontées. (2) Ils y ajoutent beaucoup de barques légères, afin d’effrayer notre flotte par la quantité, y mettent une multitude d’archers et de ces Albiques dont on a parlé plus haut, et n’épargnent, pour les exciter, ni récompenses, ni promesses. (3) Domitius demande pour lui-même quelques navires, et les remplit des cultivateurs et des pâtres qu’il a amenés. (4) Alors, leur flotte étant prête, ils s’avancent avec assurance contre nos vaisseaux, commandés par D. Brutus, et qui étaient à l’ancre près d’une île située vis-à-vis Marseille.

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(1) La flotte de Brutus était de beaucoup inférieure en nombre ; mais César l’avait composée de l’élite de toutes ses légions, de soldats choisis dans les premiers rangs, et de centurions qui avaient eux-mêmes demandé cet emploi. (2) Tous s’étaient pourvus de mains de fer, de harpons, d’une grande quantité de javelots, de dards et d’autres traits. En conséquence à l’approche de l’ennemi, ils sortent du port et attaquent ceux de Marseille. (3) On combattit vivement et avec vigueur de part et d’autre. Les Albiques, montagnards robustes et aguerris, ne le cédaient guère aux nôtres en courage, (4) et, à peine sortis de la ville, ils avaient encore l’esprit plein des promesses qu’on leur avait faites. Quant aux pâtres de Domitius, ces hommes féroces, animés par l’espoir de la liberté, et par la présence de leur maître, s’efforçaient de lui montrer ce qu’ils savaient faire.

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(1) Les Marseillais, forts de la vitesse de leurs navires et de l’adresse de leurs pilotes, évitaient ou soutenaient aisément le choc des nôtres, et, étendant leurs ailes autant que l’espace le permettait, ils tâchaient de nous envelopper, réunissaient plusieurs de leur vaisseaux contre un