Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/378

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pour traverser le fleuve où la cavalerie l’a passé. (3) Touché de leur zèle et de leurs plaintes, César, bien qu’il craignît d’exposer l’armée dans un si grand fleuve, crut devoir cependant tenter et essayer le passage. (4) En conséquence, il choisit dans toutes les centuries les soldats qui ne lui paraissent ni assez robustes ni assez déterminés, (5) et les laisse à la garde du camp avec une légion ; il emmène avec lui le reste des troupes sans bagage, fait placer un grand nombre de chevaux de charge au-dessus et au-dessous du courant, et passe le fleuve avec l’armée. (6) Quelques soldats, emportés par le courant, furent reçus et retirés de l’eau par la cavalerie : aucun ne périt. Après avoir fait passer son armée sans perte, César rangea les troupes en bataille sur trois lignes ; (7) et telle fut l’ardeur des soldats, que, malgré un détour de six milles, et malgré le retard qu’avait occasionné le passage, ils atteignirent, avant la neuvième heure du jour, l’ennemi, qui était parti à la troisième veille.

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(1) Afranius et Pétréius, les ayant aperçus de loin, sont effrayés à cette vue, s’arrêtent sur les hauteurs et s’y mettent en bataille. (2) César fait reposer son armée dans la plaine, pour ne pas présenter au combat des troupes fatiguées. Bientôt les ennemis voulant se remettre en marche, il les suit et les arrête. (3) Ceux-ci sont obligés d’asseoir leur camp plus tôt qu’ils n’avaient résolu : car non loin étaient des montagnes, et, à cinq mille pas de là, se trouvaient des chemins étroit et difficiles. (4) C’était dans ces montagnes qu’ils voulaient se retirer, pour échapper à la cavalerie de César, et pour arrêter notre marche en plaçant des postes dans ces défiles, tandis qu’eux-mêmes passeraient l’Èbre sans péril et sans crainte : (5) c’était ce qu’ils devaient s’efforcer de faire, par toutes sortes de moyens ; mais, fatigués par le combat et par la marche de toute cette journée, ils remirent cette chose au lendemain. César, de son côté, alla camper sur une colline voisine.

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(1) Vers le milieu de la nuit, la cavalerie ayant saisi quelques soldats qui s’étaient éloignés du camp pour aller chercher de l’eau, César apprit d’eux que les chefs ennemis faisaient décamper leurs troupes en silence. Sur cet avis, il donne le signal et fait proclamer la marche, suivant l’usage. (2) L’ennemi entend ces cris, et craignant d’être obligé de combattre de nuit chargé de son bagage, ou d’être enfermé dans les défilés par la cavalerie de César, il s’arrête et rentre dans son camp. (3) Le lendemain, Pétréius part secrètement avec quelques cavaliers pour reconnaître le pays. César fait de même. Il envoie hors du camp, avec quelques hommes, L. Décidius Saxa pour étudier le terrain. (4) Tous deux rapportent aux leurs qu’après avoir traversé une plaine de cinq mille pas, on trouve un pays rude et montueux, et que le premier qui occupera ces défilés n’aura pas de peine à en défendre l’approche à l’ennemi.

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(1) Pétréius et Afranius tiennent conseil : on délibère sur le moment du départ. La plupart étaient d’avis de partir la nuit, disant que l’armée aurait atteint les défilés avant qu’on s’en aperçût. (2) Les autres, sur ce que César avait, la nuit précédente, fait publier le départ, concluaient de là qu’il n’était pas possible de partir secrètement : (3) "