Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/382

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Pompée, leur général absent, et lui-même. (2) Aussitôt il les assemble dans le prétoire. Là il les invite à jurer tous de n’abandonner ni l’armée, ni les chefs, de ne pas trahir, et de ne faire aucun traité particulier. (3) Il le jure le premier, Afranius prête le même serment ; les tribuns militaires et tes centurions suivent cet exemple ; les soldats viennent ensuite par centuries. (4) On ordonne à tous ceux qui ont en leur pouvoir quelque soldat de César de le livrer : on les amène dans le prétoire, et là on les égorge. Mais la plupart de ceux qui en avaient recueilli les cachent et les font sauver la nuit par-dessus le retranchement. (5) Ainsi, la crainte que les chefs inspirèrent à leur armée, la cruauté dont ils usèrent envers nous, la religion d’un nouveau serment, tout détruisit l’espoir d’un accommodement, changea les dispositions des troupes, et ramena les anciennes idées de guerre.

(1) César fit faire une exacte recherche des soldats ennemis qui étaient venus dans son camp au moment des pourparlers, et les renvoya ; (2) mais il y eut quelques tribuns militaires et quelques centurions qui voulurent rester avec lui. César, dans la suite, les eut en grand honneur ; il éleva les centurions à des grades supérieurs, et fit les chevaliers romains tribuns des soldats.

Retraite des Pompéiens sur Ilerda

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(1) Les soldats d’Afranius souffraient du manque de fourrage et n’avaient de l’eau qu’avec peine. Les légionnaires, il est vrai, avaient un peu de blé, parce qu’en partant d’Ilerda l’ordre leur avait été donné de s’en pourvoir pour vingt-deux jours ; mais l’infanterie espagnole et les troupes auxiliaires, qui avaient peu de moyens de s’en procurer, et qui n’étaient pas habitués à porter des fardeaux, en manquaient absolument. (2) Aussi en venait-il chaque jour un grand nombre se rendre à César. Telle était la difficulté de la situation. Des deux partis proposés, le plus sûr parut de retourner à Ilerda, parce qu’ils y avaient laissé un peu de blé : là, d’ailleurs, ils pourraient aviser au reste. (3) Tarraco était plus éloignée, et le trajet, selon eux, les exposait à plus de hasards. Cette résolution prise, ils partent du camp. (4) César envoie devant sa cavalerie, afin d’inquiéter leur arrière-garde ; après quoi il suit avec les légions. La cavalerie ne leur donnait pas un moment de relâche.

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(1)Voici comme on se battait : Des cohortes sans bagage fermaient l’arrière-garde et faisaient souvent face dans la plaine. (2) Fallait-il franchir une hauteur, la nature même du terrain les protégeait, parce que les premiers arrivés défendaient, de dessus la hauteur, ceux qui suivaient. (3) Mais, s’ils avaient un vallon ou une colline à descendre, les premiers ne pouvaient plus secourir ceux qui venaient après eux, et notre cavalerie leur lançait d’en haut une grêle de traits : alors ils étaient en grand péril. (4) Aussi, quand ils approchaient de semblables lieux, ils ordonnaient à leurs légions de faire halte et de repousser notre cavalerie par une charge vigoureuse ; ensuite, l’ayant écartée, soudain, tous ensemble, ils précipitaient leur course dans les vallées, et quand ils