Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/396

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les vaisseaux, et le suit en même temps par terre avec l’armée ; et, après deux jours de marche, il arrive à la rivière de Bagrada (2) où il laisse le lieutenant C. Caninius Rébilus avec ses légions. Pour lui il prend les devants avec la cavalerie afin d’aller reconnaître le camp Cornélius, parce que l’on disait ce poste très avantageux. (3) C’est un promontoire qui domine la mer, rude et escarpé des deux côtés, mais ayant cependant une pente un peu plus douce du côté d’Utique. (4) En droite ligne, il n’est éloigné d’Utique que d’un peu plus de mille pas ; mais dans ce chemin est une source qui communique à la mer et rend cet endroit fort marécageux. Si l’on veut l’éviter, il faut prendre un détour de six milles pour arriver à la ville.

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(1) Après avoir reconnu ce poste, C. Curion observa le camp de Varus, placé sous les murs de la ville vers la porte appelée Bélica, dans une position très forte. D’un côté il était défendu par la ville même d’Utique ; de l’autre, par un théâtre bâti devant la ville, et d’une vaste étendue ; en sorte que l’accès du camp était difficile et étroit. (2) Il vit en même temps tous les chemins couverts d’une foule d’hommes qui dans leur frayeur transportaient de la campagne à la ville tout ce qu’ils avaient. (3) Il détacha sa cavalerie pour enlever ce butin. Au même instant, Varus envoie de la ville à leur secours six cents chevaux numides et quatre cents fantassins que le roi Juba avait envoyés depuis peu de jours à Utique. (4) Ce roi était, comme son père, attaché à Pompée par les liens de l’hospitalité, et il haïssait Curion qui, étant tribun, avait par une loi fait confisquer son royaume. (5) Les deux corps de cavalerie courent l’un sur l’autre ; mais les Numides ne peuvent soutenir notre premier choc, et, après avoir perdu environ cent vingt hommes, ils se retirent dans leur camp, sous le mur de la ville. (6) Sur ces entrefaites, les galères étant arrivées, Curion fait annoncer à environ deux cents vaisseaux de charge qui se trouvaient en station à Utique, qu’il traitera en ennemis tous ceux qui ne se rendront pas aussitôt au camp Cornélius. (7) À cette menace, tous lèvent l’ancre à l’instant même, abandonnent Utique, et se rendent au lieu désigné : ce qui met l’abondance dans son armée.

Caton devant Utique ; premiers succès

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(1) Cela fait, Curion se retira dans son camp de Bagrada, où toute son armée le salua par acclamation imperator. Le lendemain il conduit ses troupes à Utique, et pose son camp près de la ville. (2) Ses retranchements ne sont pas encore achevés, que la cavalerie de garde vient l’avertir qu’un renfort considérable de fantassins et de chevaux envoyés par Juba s’avance vers Utique ; en effet on apercevait déjà un gros nuage de poussière, et aussitôt après parut l’avant-garde. (3) Curion, étonné, envoie sa cavalerie en avant pour soutenir leur premier choc et arrêter leur marche ; tandis qu’il se hâte lui-même de rappeler ses légions occupées aux travaux du camp et les range en bataille. (4) Les cavaliers engagent le combat ; et avant que les légions eussent pu se déployer et se mettre leur poste, toutes ces troupes du roi, embarrassées et en désordre parce qu’elles marchaient