Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/419

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des chevaux excita leurs soupçons ; ils commencèrent à se replier vers ceux des leurs qui les suivaient, et ceux-ci, ayant remarqué cette prompte retraite, firent halte. (4) Les nôtres voyant l’embuscade découverte, au lieu d’attendre vainement le reste de l’armée, enlevèrent deux escadrons, parmi lesquels se trouva M. Opimius, commandant de la cavalerie ; tout le reste de ces escadrons fut tué, ou pris et amené captif à Domitius.

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(1) César ayant retiré ses garnisons de la côte, comme on l’a dit plus, haut, ne laissa que trois cohortes à Oricum, tant pour la garde de la ville que pour celle des galères qu’il avait amenées d’Italie. Il avait confié ce double soin à Caninus, son lieutenant. (2) Celui-ci retira les galères dans le fond du port derrière la ville, et les attacha à terre ; puis, faisant couler bas à l’entrée du port un vaisseau de charge, il y en joignit un autre, sur lequel il éleva une tour qui devait fermer l’entrée du port, et la remplit de soldats pour la défendre contre toute attaque imprévue.

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(1) Informé de ce qui se passait, Cn. Pompée le fils, qui commandait la flotte d’Égypte, vint à Oricum, releva à la remorque le vaisseau enfoncé, et attaqua l’autre avec des vaisseaux sur lesquels il avait fait dresser de hautes tours ; de la sorte, il combattait d’un endroit plus élevé, envoyait sans cesse des troupes fraîches pour relever celles qui étaient fatiguées, et attaquait à la fois la ville par terre avec des échelles, et par mer avec sa flotte, afin de partager nos forces. Accablés de fatigue et vaincus par une grêle de traits, les nôtres furent tous obligés de se retirer dans leurs chaloupes. Pompée se rendit ainsi maître du vaisseau. (2) En même temps il se saisit d’une hauteur naturelle qui s’élevait de l’autre côté de la ville, où elle formait une espèce d’île, et, à l’aide de rouleaux et de leviers, il fit glisser quatre galères à deux rangs jusqu’au fond du port. (3) Il attaqua ainsi des deux côtés nos galères vides et à terre, en prit quatre et brûla le reste. (4) Cela fait, il laissa D. Lélius, qu’il avait tiré de la flotte d’Asie, avec ordre d’empêcher que les convois venant de Byllis et d’Amantia n’entrassent dans la ville ; (5) et pour lui, il se rendit à Lissus, attaqua dans le port trente vaisseaux de charge que M. Antoine y avait laissés, et les brûla tous. Il voulut aussi assiéger la ville ; mais les citoyens romains qui en composaient le conseil, la défendirent de concert avec la garnison de César, et au bout de trois jours, n’ayant pu réussir, il se retira non sans quelque perte.

César offre la bataille à Pompée ; il se dirige vers Dyrrachium

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(1) César ayant appris que Pompée était près d’Asparagium y marcha avec son armée, prit en chemin la ville des Parthini où Pompée avait mis garnison, arriva le troisième jour en Macédoine vers Pompée, et campa près de lui. Le surlendemain il fit sortir toutes ses troupes, les rangea, et présenta la bataille à Pompée. (2) Le voyant rester dans son camp, il fit rentrer ses légions, et jugea à propos de prendre d’autres mesures. (3) En conséquence, le lendemain, il partit avec l’armée pour Dyrrachium, par un grand détour et par