Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/441

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laquelle coulait une rivière. César encouragea ses soldats, et, bien qu’ils fussent épuisés par une longue journée de fatigue, et que la nuit approchât, ils tirèrent une ligne qui coupait toute communication avec la rivière et empêchait l’ennemi d’aller à l’eau pendant la nuit. (5) L’ouvrage achevé, les ennemis députèrent vers lui pour se rendre. Quelques sénateurs, qui s’étaient joints à eux, protégés par la nuit, cherchèrent leur salut dans la fuite.

(1) À la pointe du jour, par l’ordre de César, tous ceux qui étaient postés sur la montagne durent descendre dans la plaine et mettre bas les armes. (2) Ils obéirent sans retard, et s’étant jetés à ses pieds, les bras étendus et les larmes aux yeux, ils lui demandèrent la vie : il les fit relever, les consola, leur dit quelques mots de sa clémence pour les rassurer ; il leur conserva la vie à tous, et défendit à ses troupes de leur faire le moindre mal ou de leur enlever quoi que ce fût. (3) Après avoir pris ces mesures, il fit venir du camp d’autres légions, y renvoya celles qu’il avait amenées avec lui, afin qu’elles prissent quelque repos, et le jour même il arriva à Larisa.

Bilan de la bataille

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(1) Il ne perdit dans cette bataille que deux cents soldats ; mais environ trente centurions des plus braves y furent tués. (2) Il y périt aussi, en combattant vaillamment, ce Crastinus dont nous avons fait mention plus haut ; il fut tué d’un coup d’épée au visage. (3) Ainsi, ce qu’il avait dit au moment de la bataille se trouva vrai ; car César convenait que Crastinus s’était conduit avec un courage au-dessus de tout éloge, et qu’il lui avait rendu d’éminents services. (4) De l’armée de Pompée i1 périt environ quinze mille hommes, et plus de vingt-quatre mille vinrent se rendre ; car les cohortes même qui avaient été placées dans le fort se soumirent à Sylla ; en outre, beaucoup se réfugièrent dans les villes voisines. On apporta à César neuf aigles et cent quatre-vingts enseignes prises dans ce combat. (5) L. Domitius, pendant qu’il fuyait du camp pour gagner la montagne, tomba de lassitude et fut tué par la cavalerie.

Tentative de Lélius devant Brindes

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(1) En ce même temps, D. Lélius vint à Brindes avec sa flotte, et s’empara de l’île située à l’entrée du port de cette ville, par le même moyen que nous avons vu employer par Libon. (2) De son côté, Vatinius, qui commandait à Brindes, ayant fait ponter et armer quelques barques, tâcha d’attirer les vaisseaux de Lélius ; et une galère à cinq rangs s’étant trop avancée, il la prit avec deux autres moindres dans la partie étroite du port. Il répandit aussi sa cavalerie sur la côte pour empêcher les ennemis de faire de l’eau ; (3) mais, comme Lélius se trouvait dans la saison la plus favorable à la navigation, avec les vaisseaux de charge il en faisait venir de Corcyre et de Dyrrachium. Rien ne le détournait de son dessein ; et ni la nouvelle de la bataille donnée en Thessalie, ni la perte de plusieurs de ses vaisseaux, ni le manque des choses les plus nécessaires, ne purent le chasser du port et de l’île.

Cassius à Messine et à Vibo

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(1) Vers ce même temps, Cassius vint en Sicile avec une flotte composée de vaisseaux de Syrie, de Phénicie