Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/442

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et de Cilicie ; et comme la flotte de César s’était divisée en deux parties, commandées, l’une par le préteur P. Sulpicius dans le détroit près de Vibo ; l’autre, à Messine, par M. Pomponius, Cassius fit voile vers Messine, et arriva avant que Pomponius en fût averti. (2) Il le surprit en désordre et au dépourvu ; et, secondé par un vent favorable qui soufflait avec force, il remplit quelques vaisseaux de charge de poix, de résine, d’étoupe et autres matières propres à incendier, et les lança sur les vaisseaux de Pomponius, qu’il brûla tous au nombre de trente-cinq, dont vingt étaient pontés. (3) Cet événement effraya la ville à tel point, que, bien qu’il y eût une légion en garnison, on eut beaucoup de peine à la défendre ; et si des cavaliers disposés à cet effet n’eussent apporté, en ce même moment, la nouvelle de la victoire de César, on pense que Messine eût été prise : (4) mais cette nouvelle étant arrivée à propos, on défendit la place. Alors Cassius se tourna contre la flotte que Sulpicius commandait à Vibo. Les nôtres, dans la crainte d’un sort pareil, prirent les mesures que leur conseillait la prudence ; ils rangèrent leurs vaisseaux sur la côte. Cassius, secondé encore par un bon vent, envoya contre la flotte quarante brûlots qui y mirent le feu aux deux extrémités, et cinq vaisseaux furent consumés. (5) Comme la flamme s’étendait à la faveur du vent, les soldats des vieilles légions, qu’on avait laissés pour cause de maladie à la garde des vaisseaux, ne purent souffrir cet affront ; (6) ils y montèrent d’eux-mêmes, mirent à la voile, et, se jetant sur la flotte ennemie, prirent deux galères à cinq rangs ; sur l’une d’elles était Cassius qui fut recueilli dans une chaloupe et s’échappa. On prit de plus deux trirèmes. (7) Peu de temps après, on sut, par les soldats même de Pompée, la bataille qui venait de se donner en Thessalie, et que l’on n’avait regardée jusque-là que comme une fiction inventée par les émissaires et les amis de César. Une fois assuré de l’événement, Cassius s’éloigna de ces lieux avec sa flotte.

Pompée poursuivi par César, est repoussé d’Asie Mineure

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(1) César, laissant tout, crut devoir poursuivre Pompée quelque part qu’il se fût retiré, pour l’empêcher de lever de nouvelles troupes et de recommencer la guerre. Dans cette vue, il faisait chaque jour les plus fortes marches qu’il pût avec sa cavalerie ; une légion avait ordre de le suivre à petites journées. (2) Pompée avait publié à Amphipolis un édit qui appelait toute la jeunesse de la province, Grecs et citoyens romains, à venir lui prêter serment. (3) Voulait-il par là détourner les soupçons ou cacher le plus longtemps possible ses projets d’une retraite lointaine ; ou bien son intention était-elle, s’il en avait le temps, d’essayer avec de nouvelles levées d’occuper la Macédoine ? c’est ce qu’on ignore. (4) Au reste, il demeura à l’ancre une seule nuit, fit venir d’Amphipolis ses amis, ramassa l’argent dont il avait besoin, et, sur la nouvelle de l’arrivée de César, il partit et arriva en peu de jours à Mytilène. (5) Il y fut retenu deux jours par le mauvais temps, et partit ensuite