Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/464

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fit couler à fond ce vaisseau, et le roi périt.

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(1) Après un si prompt et si heureux succès, César, comptant sur l’effet d’une pareille victoire, se rendit à Alexandrie avec sa cavalerie, par le plus court chemin de terre, et entra en vainqueur par le côté que l’ennemi occupait. (2) Et il ne se trompa point dans l’idée qu’il eut, qu’après la nouvelle de ce combat, les ennemis ne penseraient plus à la guerre. (3) Il recueillit à son arrivée le digne fruit de son courage et de sa grandeur d’âme ; car tous les habitants ayant jeté leurs armes, abandonné leurs retranchements, pris des habits de suppliants comme font ceux qui veulent implorer la grâce du vainqueur, et précédés de ce qu’ils avaient de plus sacré, comme quand ils voulaient apaiser la juste colère de leurs rois, vinrent au devant de César, et se livrèrent entre ses mains. (4) César, après avoir accepté leur soumission et les avoir rassurés, se rendit à travers les retranchements ennemis dans les quartiers de ses troupes, lesquelles se réjouissaient non seulement de sa victoire qui terminait la guerre, mais aussi de son heureux retour.

Règlement des affaires d’Égypte

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(1) César, maître de l’Égypte et d’Alexandrie, y établit pour rois ceux que Ptolémée avait désignés par son testament, en suppliant le peuple romain de n’y rien changer. (2) En effet, le roi, qui était l’aîné des deux fils, étant mort, il donna la couronne au plus jeune et à l’aînée des filles, Cléopâtre, qui, fidèle au parti de César, n’avait point quitté le quartier qu’il occupait. À l’égard d’Arsinoé, la plus jeune, sous le nom de laquelle Ganymède, ainsi que nous l’avons rapporté, avait longtemps exercé une cruelle tyrannie, il résolut de la faire sortir du royaume, dans la crainte que les séditieux ne se servissent d’elle pour exciter de nouveaux troubles avant que l’autorité des deux rois eût eu le temps de s’affermir. (3) Ne prenant avec lui que la sixième légion composée de vétérans, il laissa les autres en Égypte pour mieux assurer le pouvoir des rois que leur dévouement à César rendait peu agréables à leurs sujets, et qui, établis rois depuis si peu de jours, n’avaient pas encore ce prestige qui ne s’attache qu’à une autorité ancienne. (4) Il pensait aussi qu’il était de notre dignité et de notre intérêt de les soutenir avec nos troupes s’ils demeuraient fidèles, ou de les réprimer avec ces mêmes troupes, s’ils étaient ingrats. (5) Après avoir ainsi tout terminé et arrangé, César prit par terre le chemin de la Syrie.

2. Affaires d’Asie

Domitius et Pharnace

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(1) Tandis que ces choses se passent en Égypte, le roi Déjotarus vient trouver Domitius Calvinus, à qui César avait donné le gouvernement de l’Asie et des provinces voisines, et le prie de ne pas permettre que Pharnace retienne et dévaste la Petite-Arménie, son royaume, et la Cappadoce, royaume d’Ariobarzane ; représentant que si on ne les met à couvert de ces hostilités, il leur sera impossible d’exécuter les ordres de César et de fournir l’argent qu’ils ont promis. (2) Domitius ne pensait pas seulement que cet argent était indispensable pour les frais de la guerre ; il jugeait aussi qu’il serait honteux au peuple romain et à César, et déshonorant pour lui-même, que les états de rois nos alliés et nos amis fussent usurpés par un prince étranger. Il envoya donc sans retard des députés à Pharnace, afin qu’il eût à se retirer de l’Arménie et de la Cappadoce, et à