Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/466

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mais ayant sur deux de ses côtés de hautes montagnes assez éloignées de la ville. Il posa son camp environ à sept mille pas de Nicopolis. (4) Comme il fallait, au sortir du camp, traverser des défilés étroits et difficiles, Pharnace mit là en embuscade l’élite de son infanterie et presque toute sa cavalerie, en faisant répandre dans ces gorges grand nombre de bestiaux, et en commandant aux habitants de la ville et de la campagne d’y rester comme à l’ordinaire, (5) afin que, si Domitius s’avançait en ami, il n’eût aucun soupçon en voyant les troupeaux et les hommes errer çà et là dans les campagnes, comme à l’arrivée d’un ami ; et que, s’il entrait en ennemi, ses soldats se débandassent pour piller, et qu’ainsi dispersés, il fût aisé de les tailler en pièces.

(1) Tout en préparant ces pièges, il ne laissait pas d’envoyer des députés à Domitius pour lui parler de paix et d’amitié, croyant par là le tromper plus aisément. (2) Mais, loin de là, l’espoir d’un accommodement ne fit qu’engager Domitius à ne pas quitter son camp. Ainsi Pharnace, voyant que l’occasion lui était échappée et craignant que son mauvais dessein ne fût découvert, rappela ses troupes auprès de lui. (3) Le jour suivant, Domitius rapprocha son camp de Nicopolis. Pendant que nos troupes se retranchaient, Pharnace rangea les siennes en bataille, suivant leur ordre habituel, (4) c’est-à-dire sur une seule ligne avec trois corps de réserve aux deux ailes. Le centre était disposé de la même façon ; et, dans les deux intervalles, à droite et à gauche, étaient plusieurs corps rangés aussi sur une seule ligne. (5) Domitius acheva ses retranchements en couvrant les ouvrages d’une partie de ses troupes.

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(1) La nuit suivante, Pharnace, ayant intercepté des courriers qui portaient à Domitius des nouvelles d’Alexandrie, apprit que César était en grand péril, et pressait Domitius de lui envoyer promptement des secours, et de s’approcher lui-même de cette ville par la Syrie. (2) Alors il regarda comme une victoire de pouvoir gagner du temps, persuadé que Domitius serait forcé de partir au plus tôt. (3) En conséquence, il fit élever deux retranchements, hauts de quatre pieds et assez peu éloignés l’un de l’autre, du côté de la ville, par où nous pouvions plus facilement l’approcher et l’attaquer : il se proposait de ne pas faire avancer ses troupes au-delà de cet espace. (4) Il rangeait toujours son armée en bataille entre ces deux lignes ; seulement il plaçait toute sa cavalerie sur les ailes en dehors des retranchements. Elle ne pouvait autrement lui être d’aucun usage ; elle était d’ailleurs de beaucoup plus nombreuse que la nôtre.

Défaite de Domitius devant Nicopolis

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(1) Domitius, plus inquiet du danger où se trouvait César que du sien propre, ne crut pas cependant pouvoir se retirer en sûreté s’il acceptait les conditions qu’il avait rejetées d’abord, ou s’il paraissait s’éloigner sans motif. Il fit donc sortir ses troupes de son camp, et les rangea en bataille. (2) Il plaça la trente-sixième légion à l’aile droite, celle du Pont à l’aile gauche, et celle de Déjotarus au centre,