Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/486

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de Sicile, pour le prompt embarquement du reste de l’armée, il mit à la voile le sixième jour des calendes de janvier, et eut bientôt rejoint sa flotte. Poussé par un bon vent et monté sur un vaisseau bon voilier, il arriva le quatrième jour à la vue de l’Afrique avec quelques galères ; car ses vaisseaux de transport, à l’exception d’un petit nombre, écartés et dispersés par le vent, avaient abordé en divers endroits. Il passa, avec sa flotte, devant Clupea et Neapolis, laissant derrière lui plusieurs villes et châteaux situés sur la côte.

III. En arrivant à Hadrumète, où il y avait une garnison ennemie, commandée par C. Considius, il vit paraître sur le rivage, du côté de Clupea, Cn. Pison avec la cavalerie d’Hadrumète, et environ trois mille Maures. Après être resté quelque temps à l’entrée du port, en attendant ses autres vaisseaux, il fit débarquer son armée, qui se composait alors de trois mille hommes de pied et cent cinquante chevaux, campa devant la ville, se retrancha sans aucune opposition, et interdit à ses gens le pillage. Cependant ceux de la ville garnissent les remparts de soldats, et accourent en foule se mettre en défense devant la porte : il y avait deux légions dans la ville. César fit à cheval le tour de la place, la reconnut et rentra dans son camp. Quelques-uns le blâmèrent et le taxèrent d’imprudence, soit parce qu’il n’avait pas assigné aux pilotes et aux commandants un lieu fixe où ils dussent se réunir, soit parce qu’il ne leur avait pas donné, ainsi qu’il l’avait toujours pratiqué jusqu’alors, des ordres cachetés, afin que, les ouvrant à certains moments, ils vinssent tous à un rendez-vous commun. César avait bien pensé à tout cela ; mais il ne savait pas qu’il y eût sur la côte d’Afrique un port où sa flotte pût être en sûreté contre les garnisons ennemies, et il avait cru devoir laisser à ses vaisseaux la liberté d’aborder où le hasard les conduirait.

IV. Cependant L. Plancus, lieutenant de César, lui demande la permission de conférer avec Considius, pour essayer de le ramener, de manière ou d’autre, à des sentiments plus sages. Ayant obtenu l’agrément de César, il écrit à Considius, et lui fait porter la lettre par un prisonnier. Celui-ci ne l’eut pas plus tôt présentée, suivant ses ordres, qu’avant de la prendre, Considius lui demande : « D’où vient cette lettre ? » — « De notre général César », répond le prisonnier. Alors Considius : « Le peuple romain ne reconnaît maintenant d’autre général que Scipion. » Puis, il fait mettre à mort le prisonnier en sa présence ; et sans lire la lettre, sans l’ouvrir, il la donne à un homme affidé pour la porter à Scipion.

V. Après avoir passé un jour et une nuit devant la ville sans recevoir aucune réponse de Considius, et voyant que le reste de son armée n’arrivait pas ; qu’il avait fort peu de cavalerie ; que ses troupes, composées de nouvelles levées, n’étaient ni assez nombreuses ni assez aguerries : ne voulant pas d’ailleurs s’exposer, dès son arrivée, à recevoir un échec devant une ville bien fortifiée, dont les abords étaient difficiles, et au